Bones
7.4
Bones

Album de Fenster (2012)

La nouvelle signature de Morr Music sort Bones un disque bien agréable, totalement dans l’air du temps mais aux ingrédients pourtant déjà anciens. Le groupe s’appelle Fenster, le label Morr Music a parfois une image tellement forte qu’on en oublierait l’essentiel. Il est composé d’une New Yorkaise (JJ Weihl) et d’un Berlinois (Jonathan Jarzyna) résidant tous les deux dans la capitale Allemande, comme la rencontre de deux hypes pour une musique totalement dans l’air du temps. L’heure est en effet à une folk un peu bancale, à une créativité lofi et bricolo se traduisant par des bizarreries d’ambiance (entre fantaisie et mélancolie, même si dans la cas de Fenster, c’est bien le deuxième sentiment qui surnage) et par des arrangements hybrides et électro-acoustiques. Avec Fenster, on se dit que ce qui paraissait original il y a quelques années est désormais largement partagé ; ce qui est en soi une victoire. Ce qui fait l’essence de Fenster ne date pas d’hier. On retrouve là la patte du Velvet Underground dans sa période la plus naturaliste, celle d’une banane partagée


avec Nico où chaque harmonie aussi belle soit-elle se voyait jouée de manière légèrement décalée, comme si la vision en était biaisée. Même dans les titres les plus porteurs – des singles potentiels comme Oh Canyons ou Spring Break – la mélodie pop n’est pas un long fleuve tranquille ; Fenster n’est guère adepte du formatage mainstream. On retrouve aussi des façons de faire popularisés par l’Antifolk, des rythmiques primales et pourtant intimistes, un art de la bricole particulièrement attachant. Difficile enfin de ne pas penser parfois à Chan Marshall de Cat Power à l’écoute de certaines intonations de JJ Weil, des lignes de chant qui semblent avoir quelques araignées au plafond mais d’où transparaît une émotion blessée (2.7 XO 17). Tout ça ne donne pas l’album du siècle, un disque (volontairement ?) imparfait mais finalement cohérent dans sa manière pourtant hybride et bricolée d’être conçu. Un Bones qu’on a la bonne.

denizor
7
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le 18 août 2015

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