Bridge Carols marque une nouvelle rencontre entre une artiste Americana (Laura Gibson) et un compositeur de musique dite « expérimentale » (Ethan Rose). Après Beasts of seasons, Laura Gibson est l’artiste qui monte. On peut donc se demander pourquoi la jeune femme a décidé de brouiller tout de suite les pistes avec cette œuvre bicéphale. On peut aussi regretter par anticipation que l’Américaine dilue son talent dans la musique « ambient » de Rose. Et la réponse est simple et limpide comme de l’eau claire : parce que cette rencontre était évidente, que ces deux talents devaient forcément se retrouver ensemble à faire de la musique. Contrairement au disque de Bonnie Prince Billie et Brian Harnetty où le premier se contentait de poser quelques vocaux sur la musique du second, Bridge Carols semble avoir été totalement pensé et composé à deux, en parfaite symbiose. Ethan Rose est un musicien pour le moins singulier : électronicien, maître de la musique ambient certes mais utilisant avant tout des instruments acoustiques divers et variés pour créer ses déambulations sonores.


Au final, Rose est avant tout un artiste naturaliste autant que peut l’être Laura Gibson et sa guitare Nylon. Par ailleurs, l’Américaine donne ce qui manquait à l’univers tout en nuance de Rose, c’est- dire une voix et quelle voix ; un organe fragile et brillant comme du crystal. Et l’on peut voir Bridge Carols comme la quintessence de la musique de Laura Gibson, une artiste ici en totale liberté, débarrassée encore plus de tout le superflu. L’album semble avoir été composé dans et pour la nature, dans une sérénité absolue, presque comme une auto assainissement face à toute la violence et le stress accumulés en ville. Rose retranscrit tout l’esprit et les sonorités d’une campagne où chaque bruit devient musique. Derrière l’apparente quiétude, tout est débordant de vie : dans les ruisseaux, les prés, les arbres. Gibson et Rose magnifient tout cela dans de merveilleuses harmonies qui dépassent largement le cadre d’un simple album ambient. Grâce à Gibson, Rose a fait un peu vers plus de narration et cela lui va bien : il y a là 9 véritables chansons formant un véritable chef d’œuvre d’Américana rêveuse et fluide. Cet album-là vous fait du bien et son importance coule de source.

denizor
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le 31 août 2015

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