Je sais bien que chaque artiste décide précisément quel doit être le track listing de son album mais avec Broader signé Fedaden, il y a différentes portes d’entrées possibles que ce Verdad ( au demeurant excellent) placé en tête de liste. On pourra donc choisir Music Box rouleau compresseur dancefloor qui donne une preuve éclatante que la mention IDM (Intelligent Dance Music) est parfois une juste acception. Le titre excelle à mêler des boucles de boites à musique avec des sons plus profonds, plus denses et plus marqués. On pourra aussi choisir Mélodie, l’exact opposé du précédent, comme un piano de Satie mélancolique qui spleen sur des petits sons métalliques de musique traditionnelle japonaise ou sortant de l’univers jouet de Comelade. On pourra aussi choisir de commencer par le seul morceau chanté de l’album, Danseur inutile magnifié par Dominique A. et qui pourrait être le prolongement vers un peu plus d’électronique de la musique/la matière : une voix à fleur de peau sur un morceau qui avance au rythme du hautbois-canard de « Pierre et le Loup » et qui accumule les strates
entre sons durs, sons cristallins et sons fuyants. On pourra donc choisir mais choisir pourquoi car en fait, chaque morceau de Broader possède un peu de tous ces mêmes ingrédients qui font la richesse d’un album exemplaire. Même Music Box possède en substrat toutes ses couches musicales, touchantes et intimistes qui démontre qu’un album dit « électronique » n’est souvent que l’aboutissement d’une expérience personnelle. A l’instar de Principles of Geometry, Fedaden aime aussi les gimmicks synthétiques 80’s , une touche presque bubblegum au milieu de climat urbain et sons plus agressifs. Comme la rencontre de Solvent avec Aphex Twin. Il excelle aussi à donner le sentiment que le sol se dérobe sous vos pieds dans les des beat lofi breakés. Oui, Fedaden a écouté Aphex twin, Boards of Canada, Four Tet, Fennesz, comme beaucoup d’autres ; il a aussi adoré Debussy ou Satie et sans doute bien d’autres choses encore pour en arriver là et sortir avec Broader son formidable quatrième album, ciselé avec un précision chirurgicale. Au fait, Fedaden est Toulousain et il s’appelle Denis Fedabeille. Derrière les machines, il y a bel et bien un homme et celui là est bourré de talent.