Avec Candela, Mice Parade signe son album le plus pop. Que les fans de d’Adam Pierce se rassurent, le bonhomme reste toujours autant globe-trotter et créatif.
L’Américain, collaborateur pour Mùm et HiM, est avant tout un percussionniste de talent et album après album, cela s’entend : les rythmiques sortent largement du cadre de la pop et du rock (le final Warm Hand in Narnia et ses lâchers de guitares) et évoqueraient parfois un vieux groupe jazz-rock branché par les percussions africaines (currents) ou le tropicalisme (Les Gentes interessantes). Attention, un mot dangereux vient d’être prononcé, « jazz-rock » et avec lui son cortège d’images effrayantes (musiciens portant fièrement le bandana, une technicité aussi sexy qu’un métier à tisser, un bassiste masturbant son instrument plus qu’il n’en joue) mais chez Mice Parade, point de tout ça, le groupe a le meilleur goût qui soit, ayant su prendre certains de ses ingrédients dans la très sélect folktronica scandinave (The Chill House) ou dans le post-rock d’un Tortoise.
Mais l’essentiel n’est à chercher de ce côté : cette rythmique ne cache (gâche) pas l’essentiel, la beauté des mélodies et l’émotion subtile et non moins déchirante véhiculée par elles (This River has a tide et son énergie slowcore est d’ores et déjà un des morceaux de l’année). Comme par le passé, la voix trainante de Pierce se mêle à une douceur toute féminine (ici Caroline Lufkin de Temporary Residence) pour un résultat hautement séduisant.
Disons que l’écriture pourrait faire penser à Eels mais Mice Parade prend un malin plaisir à ne jamais faire couler de source sa musique. Le groupe semble pouvoir dompter un flux électrique (Listen hear Glide), il aime les mélanges étonnants et cet ethnomusicologue globe-trotter de Pierce s’en va visiter l’Afrique, l’Amérique du sud et nouveauté, l’Espagne du Flamenco sur Candela. La pop est plus que jamais là, préservée et magnifique mais rehaussée de couleurs sans cesse nouvelles.