Repéré par Sufjan Stevens qui en a fait la seule signature canadienne de Ashmatic Kitty, Shapes and Sizes est régulièrement comparé à Arcade Fire. Beau compliment qui peut se retourner contre eux, tant les Arcade Fire sont déjà élevés au rang de groupe culte. Pourtant face à sa pesante référence, Shapes and Sizes ne démérite pas -bien au contraire - et propose une musique hybride, arty et plutôt originale dans son style. Le style parlons-en. Ou plutôt abandonnons face aux multiples références imbriquées dans chaque morceau des Montréalais. Tout est ici parfaitement digéré et évoque par touches successives aussi bien les années 60 que les décennies suivantes (de la pop à la new wave en passant par le psychédélisme et la noise). Mais le groupe ne cite explicitement personne. Peut-être peut-on trouver que Sing The songs) a une vraie mélodie maligne et impertinente à la Pixies. Pour le reste, c'est la voix de de Caila Thompson-Hannant (qui chante sur sept des neuf morceaux) qui domine. La jeune Canadienne a une palette très large qui lui permet de varier son organe


comme la grande Kate Bush et l'espace d'un instant devenir soul et jazz comme Nina Simone. Cette présence témoigne d'une grande sensibilité que le groupe met parfois à mal par des morceaux alambiqués qui fuient la ligne droite. L'album requiert plusieurs écoutes avant de révéler non seulement sa grande richesse d'arrangements (les Canadiens ne vont jamais à la facilité mais trouvent toujours des idées qui font mouche) mais aussi la beauté émotionnelle qui émane des morceaux. Pour ceux qui ont eu la chance d'écouter Pooka dans les années 90, le même genre d'alchimie un peu tordu s'opère chez les Montréalais. Derrière des claviers désincarnés à la Laurie Anderson, une vraie féminité à fleur de peau s'exprime sur The Hit Parade : le morceau est de prime abord moins attirant qu'un titre de Kate Bush ou Tori Amos (car moins ornementé) mais ce qui en émane n'en est pas moins beau. Le guitariste Rory Seydel n'en est pas en reste sur les deux titres qu'il interprète d'une voix à fleur de peau bouleversante. Shapes and Sizes réussit donc à faire dans le post-modernisme intelligent et talentueux.

denizor
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le 18 août 2015

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