On les jurerait sujets de la Perfide Albion et pourtant The Decemberists est un groupe originaire de Portland, Oregon. Emmené par Colin Meloy, le quintette frappe fort d'entrée avec Leslie Anne Levine, un titre qui fleure bon la campagne irlandaise. Le groupe met en avant ses points forts : une pop matinée de folk britannique avec l'omniprésence d'un accordéon ; une voix et un phrasé qui transforment Meloy en conteur (et en version diurne d'Arnaud de Jack the Ripper) ; des textes précieux racontant des véritables histoires et narrant les destins de ses personnages. Ce premier titre est lumineux, le suivant Here I was an architect est plus en demi-teintes mais garde la même chaleur aidé par un orgue Hammond. En 2 titres, The Decemberists devient un groupe important, le genre qui chavire instantanément les coeurs. Dès lors, c'est vrai que la suite déçoit un peu. Si July, July garde le même caractère enlevé que certains titres des Go-Betweens , d'autres ratent un peu le coche. La magie est d’un équilibre fragile. Le groupe dépouille avec sensibilité sa musique avec Cocoon mais le titre est trop long pour ne pas lasser. A cautionnery song va puiser en Europe de l'est sa rythmique mais avec un bonheur tout relatif. Grace cathedral Hill les place en honnête suiveur de Tindersticks. The legionnary lament, chanson à entonner dans un pub, la bière à la main cultive un côté (un peu trop ) boute-en-train. Tout ceci est fort honnête mais le groupe a placé d’entrée la barre un peu haut. The Decemberists garde néanmoins quelques fulgurances comme le complexe Odalisque à la rugosité patente et à l’avancée chaotique. Mais c’est surtout le final California one/ Youth and Beauty Brigade, longue ballade champêtre à la beauté insondable qui nous restituent The Decemberists à son meilleur. Si le groupe n’avait sorti qu’un EP, on aurait crier à l'excellence, sur la longueur, on reverra notre enthousiasme à la baisse.