Pour ceux qui avaient lu la chronique faîte ici même de Percolate, précédent EP de Marc Ostermeier, les mots qui suivent risquent d'être un peu redondants. Il faut dire que le créateur du label Words on music propose une musique qui n'est pas tributaire des fluctuations du temps. Chance construction est un album qui ressemble à une ébauche où la musique déjà minérale de Keith Jarreth serait encore plus épurée, où des accords de piano à la Satie seraient joués dans un tempo ralenti, où le post-rock de Labradford serait dégagé des guitares. Mais comme en arts plastiques, aux grandes oeuvres picturales on peut préférer leurs ébauches : des moments de vie où l'essentiel est déjà là et où tout est encore possible. Avec M.Ostermeier, la musique est bel et bien dans l'art de la sensation. Comme une caresse furtive du vent, comme cet éblouissement soudain qui nous fait cligner des yeux sur un soleil couchant.
Derrière ce piano omniprésent qui rythme le temps et l'espace, il y a de l'électronique indicielle, une guitare sur le point de disparaître, des cordes qui apparaissent et disparaissent comme un vol de corbeau. Tout ceci crée un univers de bruissement, de respiration où les sons produits par l'homme et la machine ressemblent à des sons de la nature (les programmations évoquant parfois un goutte à goutte dz la pluie sur le toit d'une cabane); entre la brillance, le scintillement même de l'électronique et le mat des cordes sourdes (Chance construction ou Hedge game comme une pièce de Steve Reich). Comme sur Percolate, M.Ostermeier dévoile sur un titre, son passé comme membre des shoegazers de Should(Beacon adrift, proche Slowdive, période évidemment). En France, Sylvain Chauveau poursuit un cheminement similaire : il peut trouver en Marc Ostermeier un frère de sensation américain.