Serafina Steer vient rejoindre Joanna Newsom dans le petit monde des harpistes chanteuses de l’indie pop. Mais l’Anglaise Serafina se différencie de l’Américaine Joanna car elle utilise, en plus de son encombrant instrument à cordes, tout un attirail de claviers en tout genre et de boîte à rythme. Mise à part la synthé-pop cubiste de la comptine enfantine Margoton, la musique de Steer ne se place pourtant pas dans une famille « electro-pop » : les machines et les claviers ne sont pas une fin en soi et ne sont utilisées que comme un soutien pratique au reste de la musique, permettant surtout de travailler seule ou presque. Même quand le synthétisme un peu froid devient plus présent, l’esprit de la musique reste fondamentalement lyrique (Drinking while driving, How to haunt a house party). L’Anglaise se place plutôt dans une famille de figures ultra féminines qet peut se voir comme la version minimaliste de Kate Bush à My Brightest Diamond ou la version synthétique de Midori Hirano ou encore comme la version sensuelle de Laurie Anderson tout en étant, comme on peur l’imaginer, totalement différente. Steer crée un univers ultra sensible d’une pop ouvragée et précieuse. Il y a là différentes couches musicales d’acoustiques et d’électroniques apposées avec précision et originalité, sans ostentation aucune : l’écrin est beau et pourtant miniature. La voix magique créant des arabesques vocales ou pratiquant le chanté parlé fait le reste. Mais attention, la voix ne fait pas tout : le dépouillé Day Glo affleure les dangereux rivages de la décoration new age tendance Enya. Aïe ! Heureusement, dès le morceau suivant, Gsoh, l’Anglaise trouve le ton juste accentuant le tempo avec bonheur et convoquant un synthé basse entraînant. A partir de là, le fil enchanteur est tiré et Steer le parcoure jusqu’à son terme avec légèreté et détermination ; exception faîte de la parenthèse ludique de Margoton par ailleurs réussie et déjà citée. Very good, very good…

denizor
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le 3 sept. 2015

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