Dans le monde pléthorique et tentaculaire de la musique électronique, Mano Le Tough risque fort de se faire un nom. Signé sur Permanent Vacation, le label de John Talabot, cet Irlandais vivant à Berlin amène la House à son meilleur. Mâtiné de techno minimale et d'électronica subtil, Changing Days est moins enclin à faire danser (les basses ne sont pas outrageusement mises en avant) qu'à dessiner des lignes faussement répétitives et étonnamment émotives. Le Berlinois cherche à permanence à trouver des harmonies au milieu de ces programmations, avec un placement de piano en contrepoint, une voix vocodée ou pas. Les mélodies esquissées,
derrière les boucles électroniques et la répétition rythmique, donnent un sens à la musique, un relief, une sensibilité en creux qui transcendent le genre. La musique devient dès lors envoûtante et sensuelle (Primative people ou Nothing good gets away et son lit moelleux de marimbas). D'ailleurs, Cannibalize en ouverture évoque le fantôme de Shake the disease, en plus moderne certes mais aussi hanté que l'original de Depeche Mode. Mano Le Tough a ainsi cette double culture, pop et club, et le mariage des deux qu'il propose est une vraie claque pour les popeux et les clubbeurs.