Churning Strides par denizor

Ce nouveau projet de Yann Tambour aura de quoi surprendre ceux qui le connaissent à travers Encre. Le Bordelais nous a habitué, sous ce pseudo, à une musique complexe, à des ambiances torves nées de samples, d’instruments électro-acoustiques et d’une voix murmurée. Thee, Stranded Horse, c’est exactement tout le contraire. Traditionnel, dépouillé, humain. Une nouvelle expression qui permet à Yann de pouvoir sortir du tiroir quelques titres et leur trouver le traitement adéquate (pour ne pas dire parfait). So goes the pulse date ainsi de 1998. Ce nouveau projet est né de la découverte par son auteur de la beauté sonore de la Kora, instrument sénégalais et de la virtuosité de quelques uns de ces maîtres, Toumani Diabate et Ballaké Sissoko. Tambour a dû être vraiment ému par la Kora et ce chant de grillot, pour vouloir se plonger dans cet univers si étranger à nous autres blanc-becs.

Mais venant d’un univers différent et ayant une tradition plus proche du folklore américain que ce pan de culture africaine, il a su apporter bien malgré lui sa touche personnelle. Son jeu de Kora, souvent couplé à une guitare sèche, est sensiblement le même que celui sur une guitare sèche comme on en joue dans le delta du Mississipi. De même, la voix qui si elle vient du fond de l’âme rappellera plus Devendra Banhart que tout autre vocaliste africain. L’handicap de l’acculturation se transforme ainsi en atout d’originalité. D’autant plus car la démarche de Tambour est des plus sincères et son emprunt culturel, respecteux. S’ensuit donc un album bouleversant, qui se permet d’arrêter le temps par des silences ou de faire durer le plaisir sur 10’ (Swaying Eel en perpétuelle accélération). Le traitement imposé par Tambour permet aussi de rendre sa beauté brute à un classique de T-Rex (Misty mist). Il sera difficile de se passer et de se lasser d’un tel joyau d’authenticité.