chronique écrite en 2001...
Après Bathyscaphe, voici Arca, comme une nouvelle preuve de la vitalité de la musique ambient-rock hexagonale. L'album s'appelle Cinématique et ce n'est pas dû au hasard. Véritable invitation au voyage, cet album réalisé par Sylvain Chauveau (qui vient aussi de sortir un très Erik Satien nocturne impalpable) et Joan Cambon emprunte des chemins de traverse. On pourrait décrire ces dix instrumentaux comme la bande-originale d'un film imaginaire. Ce serait forcément réducteur mais en même temps justifié. D'autant plus que les seuls samples utilisés ici sont des voix issus de films ( "kafka" de Soderbergh, une voix russe tout droit sorti d'un film de Tarkovsky, un discours de Camus…). Ce n'est pas les premiers à le faire (rappelons- nous tout simplement de Diabologum avec Eustache) mais il faut avouer qu'ici cela fontionne très bien et que cela participe à créer un climat. Marchant sur les traces de Alpha (la zone) ou de Craig Armstrong (quand tombent les toits), le duo en propose une relecture épurée où seul subsiste l'essentiel. Derrière le caractère lancinant et impressionniste de l'ensemble, l'émotion est bien réelle et la sérénité bien précaire. Le très sombre Formes vides ou L'organisation et ses guitares sourdes nous ramènent 15 ans en arrière à une époque marquée par la dark wave ( this mortal coil). Alors, le mieux est de s'étendre, de lever les yeux au ciel, de rêvasser …Le voyage proposé est définitivement intérieur. A découvrir d'urgence !