Khi , le premier album de Bumblebees était magistral et je pèse mes mots. Les Rémois avaient su alors dynamiter des cloisons : ne qualifiaient-ils pas malicieusement leur musique de croisement entre John Cage et Deep Purple ? Ils avaient amené une recherche post-rock, pour ne pas dire contemporaine, à leur esprit fondamentalement rock, pour ne pas dire emocore. Cissetive apparaît comme une suite logique dans une formule plus ramassée. Exit les morceaux de plus de 10' : Triangle a beau s'articuler autour de 4 étapes et varier le spectre des sentiments, il ne fait que 5'. A l'instar de Mélatonine, autre bon exemple hexagonal, Bumblebees ne s'attarde plus que de raisons et n'a aucun travers contemplatif. Les Rémois viennent sans doute d'une autre culture que celle de Godspeed You Black Emperor, plus Métal/Hardcore. Baragouine et Bordel de Chacal évoquent la puissance de feu d'Helmet. Quant à Cervelle, il restitue les climats lourds et torturés de Tool. Alors, Bumblebees, groupe désespérement non-identifiable ? Encore plus que cela : un Corned Beef hanté par la présence de Neil Young, une clarinette dissonante très Akosh S. sur Smazene syr. Ajoutez à cela un choix de textes dadaïtes pris chez Picabia, Erik Satie ou Alfred Jarry et vous conviendrez que Bumblebees est un groupe qui tire sa forte identité de plusieurs directions. Brillamment.