La première fois que nous avions entendu parlé de Laetitia Shériff, c'était en compagnie de Pierre de Véra Clouzot. Evoquant leur collaboration avec la Lilloise sur leur album De guerre Lasse il nous prédisait un avenir de célébrité pour elle. C'était il y a deux ans. Depuis, Laetitia a eu la bonne idée de se laisser gentiment mûrir, multipliant les premières parties de luxe (Tom Mc Rae, Dominique A., Elysian Fields…), rencontrant les collaborateurs idéals (Olivier et Gael, les deux Mobiil). Le résultat le voilà : un Codification en forme d'album majeur. Avec sa voix impeccable mise en valeur par des arrangements précis (Mobiil a laissé en retrait sa propre personnalité pour laisser éclore le talent), Laetitia se place à la droite de Catpower. Au delà même du nom (1 Marshall d'un côté, 1 Shériff de l'autre), on rapprochera les deux jeunes femmes pour ce même déterminisme fragile qui en en font les Patti Smith d'aujourd'hui. Entraînant (The Bens), Renversant (Codification), poignant (The Date aurait pu se trouver sur le Hips and Makers de Kristin Hersh), gracieux (The butcher 's Shop comme version féminine de Jeff Buckley), Codification repousse du revers de la main toute concurrence hexagonale. Laetitia dégomme, avec son 11 coups, toutes les autres chanteuses. Parole de gunfighter !