Eléphant, c’est un gars, une fille, un premier single charmant (« Collective mon amour »), une très chouette chanson sur le dernier album de Vanessa Paradis (« Les espaces et les sentiments ») et une page Facebook tellement pleine d’amour que vos yeux se poissent rien qu’à la lire. A l’heure où les sommets de la hype sont occupés par des projets où prime la mégalomanie (exploration personnelle de Woodkid, odyssée musicale de Daft Punk…), le duo se vante de proposer de la popinette pétillante, ni rétro ni révolutionnaire, des chansons pleines de cœurs qui souhaitent juste faire du bien. Dans le contexte actuel, on en viendrait presque à trouver cela culotté.


Rien ne prédestinait François Villevieille (violoniste de son état) et Lisa Wisznia (comédienne) à sortir un album de pop ensemble. De là découle sans doute cette légèreté naïve palpable dans chacun des titres, ce chant à la fois timide et surpris, comme si les deux artistes se découvraient chanteurs en même temps que nous. Ils ont pourtant le sens de la mélodie qui marche et capte l’attention dès les premières notes : « Collective mon amour », bien sûr, mais surtout « Les Voyages » qui, bien que construite à l’identique du single, se distingue par un contraste entre refrains hautement catchy et couplets à rouler toutes fenêtres baissées, le vent dans les cheveux. Le tube de l’album. On se dandine également sur « Et toi t’es drôle », qui réhabilite notre chérie la flûte à bec, « I Think I Love you », délibérément régressive, et « Un instant », tellement radiophonique que ne pas l’exploiter en single serait criminel.

Finalement, c’est sans doute lorsqu’ils donnent dans la variété pure et dure que nos deux compères sont le moins crédibles. En témoignent les trois titres les plus faibles du disque, qui viennent polluer de leurs airs dramatiques un ensemble on ne peut plus guilleret : « Oui peut-être non » (qui évoque immanquablement le « Pull Marine » d’Adjani), « Lisa » (faussement sensuelle) et « Au fond (c’est beau) » (ah, les passages parlés dans les chansons françaises…). Ces quelques parenthèses introduisent cependant autant de pauses nécessaires dans un album qui frôle parfois l’overdose de bubblegum, et traduisent les tâtonnements d’un groupe encore à la lisière de ce qui sera son identité musicale. Un premier album mignon, et surtout plein de promesses.
CLaze
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le 28 mai 2014

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