Avec un tel nom, on ne peut que s'attendre à une évolution. L'unique gars couché sur la pochette de Prendre l'eau en 2001 a laissé la place à une arène : Mobiil voudrait-il rencontré plus d'auditeurs ? Rien n'est moins sûr car le duo aurait plutôt tendance à radicaliser son propos. Contre le centre, contre la soupe radio-télévisuelle, contre l'uniformisation de la société de consommation, prêt à se battre comme un taureau dans l'arène. Rappelons les faits : Gael Desbois et Olivier Mellano, tous deux aperçus aux côtés de Miossec et de Dominique A, décident de former un nouveau groupe dans une formule minimale construite autour de samples et de programmations. Le premier album a eu du mal à voir le jour ; re-bingo pour ce deuxième opus. Même placé sous le haut patronage de Dominique A. (omniprésent à la guitare) et malgré l'appui de Guillaume Jouan (à la trompette), Mobiil doit faire peur à la frileuse industrie française (Par comparaison, le groupe est porté en Espagne par Green Ufos). Mobiil rejoint donc la liste de nos artistes hors-normes : Dominique A. dans ses moments les plus expérimentateurs, Oslo Telescopic, Programme, Lazzi…les plus intéressants sans doute. Mais le groupe garde sa propre marque de fabrique avec une tendance à l'Industriel originel (Avec les ongles très Einsturzende Neubauten) et un esprit free (Résultats). Pour parfaire son côté décalé, Mobiil s'est aussi attaché les services de Christine Ott, spécialiste française des Ondes Martenot, ancêtre des instruments électroniques (1923, quand même…) et dont le son si particulier (ambiance film de SF années 50) ne finira jamais de nous envoûter. Sur le principe et l'esprit, on donnera 10/10 à Mobiil. Sur le résultat, un peu moins car on restera parfois un peu désarmé en dehors de l'arène. Une fois n'est pas coutume, on craquera surtout pour les titres les plus ouverts : Les grands magasins à la mélancolie concentrationnaire (pas très loin du slowcore d'Idaho) ; L'univers frime à la tristesse insondable ; Dans le mur à la tension labyrinthique. Ce groupe ira dans le mur mais il y avait longtemps qu'un acte suicidaire n'avait pas été aussi poignant et aussi fort.