"Yet I woke every morning with my own heart. I still do."
Découvert par hasard au fil de mes pérégrinations sur Bandcamp, Dancing est une petite perle mélodieuse, et sans doute ma plus belle surprise sur une année pourtant chargée en œuvres remarquables.
L'album commence de manière singulière. On entend la voix spectrale de Nancy Elizabeth, envoutante, aérienne, soutenue par de simples accords de guitares. Puis xylophones et percussions cristallines s'en mêlent, et nous voilà tel Ulysse, cernés par le chant de sirènes. Telle l'incarnation folk de Kate Bush, Elizabeth nous guide de sa voix mélodieuse, pendant qu'un simple motif au piano nous berce, ou qu'une discrète incursion dans l'electro se fait sentir. L'ensemble évolue subtilement, par petites touches. L'atmosphère reste sensiblement la même durant les 12 pistes, mélancolique et onirique, certains motifs se répètent tout le long - et notamment les chœurs qui sont pour beaucoup dans le climat envoutant qui règne - tout ceci afin de mieux mettre en valeur les subtiles variations qui donnent tout le sel à cet album.
Homogènes à l’extrême, les 12 morceaux de Dancing sont comme autant de tableaux complémentaires, qui peindraient le même paysage tout en mettant à chaque fois un aspect différent en avant. Très riche, la folk de Nancy Elizabeth puise ses racines d'artistes tels que Nick Drake ou Laurie Anderson (All Mouth est d'ailleurs une citation directe du O Superman de cette dernière). Soit des artistes aux univers très marqués, des personnes décalés, dans leur bulle, voire carrément introverti dans le cas de Drake. Et tout comme un "Five Leaves Left", c'est un album profondément intimiste que nous livre la manchesterienne. Derrière leurs fines esquisses colorées, ce sont des morceaux délicats et fragiles que nous avons-là. Il y a très peu de percussions, et celles-ci, loin de structurer le flux, semblent noyées dans le flot, perdues au milieu des autres instruments. Pas de rapport de force ici : Dancing est un album aquatique, qui esquive, se dérobe et ne se saisit jamais pleinement ; c'est aussi un album plein de vitalité, jamais figé, constamment en mouvement.
Cet album sonne comme un accomplissement pour la chanteuse. Insufflant le rythme qu'il manquait à Wrought Iron, et développant encore davantage cet univers si particulier, s'affranchissant du même coup de la folk "classique", Nancy Elizabeth s'affirme et semble enfin faire la musique qu'elle avait en tête. Et c'est chouette, vraiment, parce que des albums aussi aériens, aussi planants, aussi oniriques, on en voit finalement très peu, et que sa musique a quelque chose de doux et de sucré qui la rend irrésistible, et qui fait qu'on y revient, encore et encore, et qu'on ne s'en lasse pas...
Aussi, si vous voulez y jeter une oreille, l'album est entièrement écoutable sur la page Bandcamp de l'artiste : http://nancyelizabeth.bandcamp.com/album/dancing