Le trip hop aurait-il dépassé depuis longtemps sa date de péremption ? A l'heure où les deux Portishead sont passés à autre chose, certains groupes veulent nous le faire croire et arrivent à entretenir l'illusion. Parmi eux, les Parisiens de Antrabata épousent avec suavité les contours sensuels du genre et suivent les traces de feu : mélancolie diffuse, voix féminine diaphane (Femke Lavrijssen parfaite dans le rôle), douceur languide nourrit de différentes couches de miel et de quelques touches acides dedans. Antrabata n'est pas révolutionnaire et prend ce trip hop canal historique par la voie orientaliste de Talvin Sigh avec des tablas et une flute de charmeur de serpent apportant un niveau d'élévation supplémentaire aux instruments électriques (guitare, Fender Rhodes et consort), aux samples de cordes et aux programmations électroniques. Par tous ces niveaux de lecture entremêlée, dark & bright peut arriver à envouter, enrobage chatoyant et enivrant à des chansons que l'on pourrait trouver par ailleurs un peu trop classique voire même un peu soupe. D'ailleurs, quand Antrabata se débarrasse de ses oripeaux sur le dernier homesick, le charme qui émane du reste de l'album se rompt aussitôt. Tout n'est ici qu'illusion et joli décor et il ne faut pas en sortir. Le trip intérieur proposé peut manquer un peu de tripes. Mais pendant 40', Antrabata a pu nous faire croire que le trip hop de Portishead ou encore de Morcheeba pouvait encore exister en 2009. Pas si mal...