Avec didactisme et simplicité, David Thomas Broughton explique dans son disque la démarche de ce oeuvre : profitant d'un après-midi, le songwriter à guitare s'est enfermé avec le quatuor 7 Hertz (deux violons, clarinette basse et double basse) dans une église à Leeds. Inspiré par le lieu, le résultat de cette joute musicale en grande partie improvisée finit par installer un climat quasi mystique. Libéré du carcan du temps, le néo-groupe laisse trainer aisément les vibrations de ces instruments. On ne finit pas derviche tourneur mais on sent une élévation certaine à écouter les déambulations musicales nées de cette rencontre. De sa voix d'aristocrate fin de race, Broughton donne une préciosité toute britannique à la musique.
Sa présence rappelle And Also The Trees et la musique inspirée par le folk d'un Nick Drake (Weight of love) se dilue dans une certaine abstraction. 7 Hertz, grand ordonnateur de cette stylisation musicale, peut se réclamer autant de A Silver Mt Zion que Bela Bartok (avec référence musique de l'Est indiciellement distillée sur River Outlet). La prise de son est presque naturaliste et ne s'embarrasse pas de supprimer quelques grésillements dues à la fin de vie d'un ampli (Broughton, non sans humour, nous précise de ne pas nous inquiéter sur l'état de notre hi-fi). L'important était de de graver fidèlement cet instant éphémère, pure moment de magie d'une musique urbi et orbi. Plus qu'un vs, cette rencontre s'apparente plus à une belle symbiose. Magistral !