chronique écrite en 2004...
Jeanne Cherhal a débuté en même temps que Vincent Delerm (avec qui elle a partagé la vedette d'ailleurs). Bon c'est sûr, ils n'en sont pas au même point ! Mais cela peut encore changer car Jeanne s'est faîte de nouveaux amis qui pourront peut-être booster sa carrière. Jacques Higelin chante en duo avec elle sur un titre (Je voudrais dormir, petite chanson de fin d'album… pas transcendante). Pour son deuxième album, Jeanne a surtout rencontré Vincent Segall, violoncelliste pour M et pour son propre groupe Bumcello. Et c'est vrai que le piano cher à Jeanne trouve un allié de choix avec la 4 cordes de Vincent. Et au final, les meilleurs titres de l'album (Un couple normal, Les photos de mariage) favorisent des percées baroques aperçues chez Divine Comedy ou Michael Nyman. Le violoncelle sourd de Vincent sert aussi à rendre encore plus tragique Douze fois par an, la chanson-titre qui parle… des menstruations. Car le point fort de Jeanne, c'est qu'elle ne manque pas de tempérament et donne un point de vue féminin, parfois cynique, toujours juste, sur les petits aléas de la vie. Ce qui nous vaut des petites phrases délicieuses ("Tu finis ta nuit devant Très chasse consacré_ t'as pas de bol_ à l'enfumage des terriers) et qui permet de donner une alternative un peu plus respectable à Linda Lemay. Mais la plume de Jeanne ne se limite pas à cette dialectique et peut accoucher de postulats originaux (Super 8 où elle imagine ce que l'on voit avant de mourir). Et si la musique de Jeanne Cherhal n'échappe pas à certaines tendances (travers ?) de la "Nouvelle chanson française" ® (un peu de swing, un peu de jazz..), elle arrivera à provoquer son petit effet et à se faire sa petite place.