chronique en 2009
On ne va pas y aller par quatre chemins mais cet album est un des must de 2009. A l'heure des bilans, pas sûr que Dragonslayer se retrouve dans les TOP 10 des magazines spécialisés ; la faute non pas à un manque de talent, le groupe Canadien en a pour dix, mais à la relative confidentialité de cette sortie (même si l'album sur le label réputé Jagjaguwar). Derrière, Sunset Rubdown nous retrouvons le songwriter Spencer Krug. L'ultra actif chanteur guitariste, non content d'être déjà membre de Wolf Parade et de Frog eyes, sort avec Dragonslayer le troisième album de Sunset Rubdown. A se demander quand est-ce qu'il dort car cette petite perle n'est pas du genre à être écrite en 5 minutes sur un bout de feuille ou dans l'émergence du boeuf studio. Pourtant, Dragonslayer se voulait être, selon son auteur, un album accrocheur et pop - plus en tout cas que les alambiqués albums précédents. Peine perdue, l'esprit quelque peu alambiqué de Krug auront vite fait de muter Dragonslayer en oeuvre d'une richesse étonnante. Ces 8 chansons ont la faculté de se réinventer sans cesse, de s'auto-alimenter en permanence, quitte parfois faire volte-face à un système mise en place trente secondes plus tôt. Ce sont bel et bien là des pop songs efficaces mais qui étendent leur emprise sur 6 minutes et non pas trois (et même 10 sur le final de haut vol Dragon's lair)
Le miracle, c'est que chaque titre reste accrocheur. Comme si le bouillonnant Krug, à la différence de Frog eyes qui n'essayent pas d'agencer ses éléments hétérogènes et qui déboulent comme un grand "ça", Dragonslayer est un album parfaitement ciselé où chaque instruments et idées d'arrangements est pensé pour ne pas brouiller l'impact continu du morceau. Disons qu'un titre comme Idiot heart déroule dans une énergie presque euphorisante tout en nuançant sans cesse son propos par l'arrivée d'un clavecin qui galope, d'un choeur féminin (Camilla Wynne) qui "popise", d'une nappe de synthé qui supporte etc, etc...Même les guitares régénèrent sans cesse leur orientation, passant d'un riff gratouilleux à une fluidité dans le jeu, de l'agressivité au lyrisme en un battement de cils. Les morceaux nous mènent toujours sur des chemins que l'on ne s'attendait pas à arpenter et rien que pour cela, quel plaisir ! Ce groupe est vraiment étonnant et par exemple, apporte un soin tout particulier à l'usage des percussions. Sunset Rubdown n'est pas la copie conforme d'un autre groupe ou ne suit pas même une famille musicale de l'Indie rock mais un tel album pourra trouver écho chez un fan de Bowie, de Talking Heads, de Pixies ou de Pinback. Comme ultime preuve que le talent peut toucher tout le monde (ou presque)