Elli Medeiros. Voilà un retour que l'on n'attendait pas. Elli Medeiros en 2006 étonnera ceux qui ont 20 ans de retard (période dansante Toi mon toit) et même 25 (période électro-pop main dans la main avec Jacno). Ce cru 2006 renvoie plutôt à une Elli encore antérieure, celle punkette des années Stinky Toys dont le premier album s'était à peine mieux vendu que le premier Velvet (c'est à dire très peu) mais qui est devenu depuis cultissime. La Elli de 1977 n'est pas si éloignée de celle qui pose nue sur la pochette de son album. Peut-être un peu plus sûre d'elle (ragaillardie par Etienne Daho, producteur de l'album et plus grand fan) mais toujours un peu punk dans l'âme. Un esprit rock d'emblée mis en avant sur Soulève moi. On est content de la retrouver comme ça même si le titre n'a musicalement aucun intérêt particulier sauf celui de montrer qu'à 50 ans, Elli a toujours la rage.
Le reste de l'album ressemble au parcours d'une vie. Cet amour permanent pour Lou Reed (Lonely lovers, For you) ; ce sang uruguayen qui remonte à la surface pour mettre une touche de mélancolie latine (Melancolia, la cruz del sur) ou pour rappeler des souvenirs d'enfance à admirer les stars hollywoodiennes (la reprise My heart belongs to daddy). La chanteuse trilingue s'exprime dans les 3 langues de sa vie et retrouve accessoirement 3 artistes de toujours (Daho, Jacno et Vincent Mounier). Elli Medeiros s'essaye aussi à différentes formes d'expression ; le spoken word sur le sensuel L'ailleurs, le dub sur The Alien (réussi pour le premier, plus dispensable pour le second), pour encore plus signifier que cet album est bel et bien le résultat de 30 ans de passion musicale. Il jette un pont entre la petite teigne de 20 ans et la femme multi-artiste de 50 ans qui a acquis une classe folle.