Le fonctionnement du marché du disque japonais est très différent du nôtre. Tous les artistes sortent des singles ou des EP et ce, depuis des décennies, conduisant souvent ces morceaux à ne pas paraître sur album. Le fan européen, désespéré, doit fouiller Internet pour faire venir à prix d’or ces deux titres ou s’arracher les cheveux de ne pas les posséder. Dans les années 1980, Loudness n’échappait pas à la règle. Quelle n’était pas la surprise du non-initié de découvrir alors des inédits sur ses albums live en se demandant d’où ils pouvaient sortir. C’est notamment le cas pour « Road Racer » ou « Burning Love » apparus sur Live Loud Alive Loudness in Tokyo. Avec cette compilation Early Singles, il est donc enfin possible d’avoir accès à ces titres en version studio.
Le voyage débute par le rapide « Burning Love » sorti en 1982 entre les deux premiers albums. Ce rock énervé au refrain à hurler en concert, voit Akira Takasaki sortir un riff plein de pêche, avant un refrain d’une grande technicité. Issu du même single, « Bad News » est un mid-tempo mélodique qui met un peu de temps à entrer dans la tête, mais qui se révèle une surprise teintée de hard rock des années 1970 un peu à la manière du groupe japonais Bow Wow avec ses apports dissonants issus du jazz rock.
Viennent ensuite les excellents « Geraldine », sans doute l’un des meilleurs singles du groupe avec son refrain soigné et enlevé qui nous entraîne sur un terrain très américain et « In the Mirror », une petite pépite qui prend toute sa saveur en concert. Sorti en 1983, comme le single suivant, ce 45 tours est une vraie merveille qui montre toutes les facettes d’un groupe en pleine explosion après le superbe album The Law Of Devil’s Land qui a vu sa musique évoluer vers un metal moins sombre. Le second morceau est d’ailleurs issu de cet opus. Avec « Roadracer » on perçoit davantage encore cette évolution qui va conduire à Disillusion. Sur un rythme de cavalcade, le groupe construit une pièce épique de grande valeur au refrain original magnifié par le chant de Minoru Niihara. « Shinkiro » est un autre titre rapide, au son plus heavy qui renvoie aux premiers albums, mais que le refrain mélodique qui suit la guitare éclaire avec brio.
« Crazy Night » et « No Way Out », issus de l’album Thunder in the East (1984) sont deux excellents titres, mais absolument pas inédits pour le fan européen. Avec un mid-tempo lourd qui donne envie de secouer la tête en cadence, « Crazy Night » s’attaque aux marchés occidentaux. Plus torturé, « No Way Out » nous montre tout le talent d’Akira qui se livre à un solo magnifique, tandis que le refrain jazz rock peu surprendre.
« Gotta Fight » sorti en 1985, propose une chanson enjouée, agréable, extraite d’un trois titres dont font partie les deux morceaux suivants. « Odin », une power ballade typée années 1980, avec quelques touches 1970, assez anecdotique pour nous, mais qui doit plaire aux Japonais et l’instrumental « Flash Out » qui prouve une nouvelle fois quel extraordinaire guitariste est Akira Takasaki.
L’album est paru en CD et a même été inclus dans une box. A se procurer pour tout fan de Loudness.