Kimono est groupe qui n’est pas à un paradoxe près. Un nom japonais pour un groupe Islandais, cela ne coulait pas forcément de source. Mais le plus étonnant dans ce trio réside dans son style auto proclamé de « Post-punk progressif » : la formule pourrait être perçu comme antinomique, le premier étant presque né en réaction du second, le post-punk étant un peu, dans son format et son esprit aux antipodes de la musique progressive. Anciennement quatuor et emmené par le chant charismatique de Alex Mc Neil, Kimono est devenu avec ce troisième album un trio : dans sa formule resserrée, guitare-basse-batterie, le groupe sonne post-punk avec quelques accents de guitare noise. Il y a là une rythmique saccadée mise en avant, des guitares agressives. Tout ceci est hérité de Gang of Four ou de Wire (un titre de l’album porte d’ailleurs le nom de Colin Newman).
Avec Kimono, comme dans une lutte entre deux judokas, l’urgence d’un rock séminal se dispute toujours avec une conscience plus élaborée de la structure musicale. Le côté « progressif » vient de là, on aurait pu dire post-rock même le groupe sonne « années 70 ». Kimono va donc proposer des ponts, des digressions, des ruptures, des parties instrumentales, voire un solo de guitare torturé (Kente) à des titres qui pourraient être coup de poing. Le cas le plus significatif pourrait être Wire avec pas moins de trois mélodies en une, avec les transitions qui s’imposent. Le morceau ne fait pas plus de 3’15, preuve que les Islandais savent faire coïncider efficacité avec complexité. Kimono ne fait donc pas une musique si « easy » et pour l’apprécier pas besoin d’être si « difficult ».