End of the Season
6.1
End of the Season

Album de Redeye (2013)

Un nouveau disque folk, pour quoi faire ? Oserai-je avancer un premier élément de réponse : parce que c'est bien. Tout simplement. Et que parfois, un plaisir simple, ça n'a pas de prix.


Simple c'est vite dit ; comme ces voyages incessants que l'album a effectué pour sa conception, entre France et Etats-Unis, entre le studio d'enregistrement de Jean-Charles Versari à Paris et celui de mixage de Neil Strauch (Bonnie Prince Billie) à Chicago. Sans oublier Rennes, ville où habite Redeye alias Guillaume Fresneau, moitié du duo Dahlia dont l'absence totale d'accent en anglais et le grain vocal aurait tendance à le faire passer au blind test pour un ricain du Midwest pur jus (excusez le pléonasme)


Simple pas vraiment que ce soit aussi au niveau du personnel, End of The Season étant bien le fait d'un vrai travail de songwriting solitaire mais mis en musique par un vrai groupe. Il y a donc là Jean-Charles Versari (piano), Cyril Bilbeaud (ex Sloy) et Raphael Seguignier (Cocoon) à la batterie, mais aussi Lucile vallez (ex Poney express) au violon, Jenny Hardy au violoncelle, Suzanne Thoma (de Suzanne the Man) aux choeurs, Antoine Pozzo di Borgo à la contrebasse et François Sabin au sax baryton et à l'accordéon (tous deux membres du groupe de Jason Edwards), Jérôme Lorichon (Herman Düne, Berg sans Nipple) à la trompette.


Pas aride pour deux sous, le Français américonophile aime les atmosphères bucoliques, les arrangements boisés qui mettent du baume au coeur, les voix ourlées de choeur qui rendent les mélodies belles et chaleureuses (Disapear). Il y a un côté film de John Ford, profondément humain et généreux dans cette musique, a fortiori sur les quelques moments plus roots du disque où le Rennais évoque Woody Guthrie (Sunny Roads ambiance fête un peu fruste autour d'un feu de camp). Mêmes les moments les plus intimistes ou clair-obscur (Cover me, all at once) ne sont pas exempts de ces touches de joliesse qui en accentuent l'émotion. L'association trompette/cordes/guitare fonctionne à merveille et, donne de vraies, mélodies pop, lumineuses, à vous éclairer un Ouest sauvage, (Season 's ending). Le Français est ainsi aussi proche de Bob Dylan que d'Elliott Smith. Avec the edge of the world, Redeye part sur la pointe des pieds aux sons, d'une jangle guitare Byrdsienne, associée à un violon, strident comme une scie musicale ou un loup dans la nuit. On retient presque son souffle, c'est étrangement beau. Album de folk classique donc ...et même un peu plus.

denizor
7
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le 25 sept. 2015

Critique lue 20 fois

denizor

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