chronique écrite en 2008...
En écoutant le dernier album en date d’Angil (Oulipo saliva) et ce dernier de Broadway, on se rend compte à quel point leur expérience commune au sein du projet John Venture aura changé en profondeur les deux entités. D’un côté il y avait un artiste folk - aux idées larges quand même – de l’autre un groupe électronica dans la veine de Boards of Canada ; aujourd’hui, il y a deux groupes faisant sensiblement la même musique ou tout au moins explorant une direction commune. Pas de quoi se plaindre ! D'autant plus que la voie tracée par Angil et Broadway, dans le cas présent, n'est guère suivie par la majorité des artistes. Pour en arriver à ce résultat qui ne peut se résumer à un genre, une case, une famille musicale, Broadway a dû écouter tellement de musique pour créer une musique sans étiquette qui distille sans ostentation, sans surcharge, sans trop plein, une émotion pure et durable.
Enter the Automaton est un rêve éveillé qui passe comme un mirage. Jazz, hip hop, électronique, folk, contemporain, le tout accolé à tous les post et abstract du monde. Même si –et c’est là tout le talent des Stéphanois – la musique ne devient pas une sorte d’ambiant décoratif et frigide. Ça vit, ça frotte, ça grince, ça résonne, à l’instar de l’écurie Anticon, du poète barbu Robert Wyatt ou de Kronos Quartet…On en oublie aussi les moyens employés : qui est de l’ordre du samples ou de l’instrument joué ; de l’électronique ou de l’acoustique (sans oublier quelques guitares électriques savamment dosées). Comme les grands artistes, Broadway ne révèle pas ses secrets de fabrication ou plutôt invite le public à voir de visu une musique qui semble se créer en temps réel. Broadway fait une musique autant intellectuelle qu’organique, autant cérébrale qu’émotionnelle.