Je vous explique le truc. Sur la foi d’une bio envoyée par internet, on demande à des agences de promo à recevoir des albums. Pour Kazumasa Hashimoto, le déclic qui a donné envie était que le fait que le musicien était signé sur Noble, un label nippon qui se révèle excellent, sortie après sortie (Midori Hirano en tête). Sur le style, avec les quelques notes données, on pouvait imaginer un mix entre l’électro de DJ Krush (Hashimoto a participé au Festival Sonar de Barcelone) et le néo-classicisme de Ryuichi Sakamoto (il a appris le piano dès son plus jeune age et a côtoyé le Maître). Mais une fois le disque reçu et écouté, la surprise est grande - décalage forcé entre les mots un peu arides d’une bio et le son émotionnel d’une musique– et Kazumasa Hashimoto apparaît comme un artiste carrément indispensable. L’électronique est bel et bien là mais comme un simple support voulant se faire oublier. Certaines idées sonores portent à croire que Hashimoto a écouté Steve Reich.
Mais Euphoriam est surtout bâti autour d’instruments acoustiques et adopte un format pop avec des titres chantés (avec vocoder ou sans) par l’artiste lui-même ou par une jeune ingénue. Cet album d’une légèreté toute matinale ressemble souvent à un éveil à la Nature, à une course contre le vent, à des jeux dans des flaques d’eau, à un cache-cache avec le soleil. Les mélodies pourraient être de Phoenix (Euphoriam) ou de Prefab Sprout (Londo), mais les arrangements d’orchestre naturellement joueurs donnent un tout autre sentiment (plus proche des Américains d’Altra). La musique de Hashimoto est empreinte d’une naïveté enfantine et distille une poésie préservée de la violence et de la rudesse du monde. La mélancolie revient avec le triste – et beau - Endless. La bulle est fragile, autant restée dedans le plus longtemps possible.