On peut être déconcerté par la voix et par la lenteur de Dead Western. Ou finalement, aimé se perdre dans ces paysages psyché folk dessinées en creux.,


C’est vrai que la voix de Troy Mighty a de quoi surprendre : un timbre grave, un débit lent, en même temps, une façon de chanter un peu flottante…Pour un peu, on a l’impression que sa voix passe en 16 tours comme au bon vieux temps du vinyle. La musique elle même semble ralentie, arythmique, Dead Western pouvant peut-être détrôner Low au titre classiquement attribué de »groupe le plus lent du monde ». Les Californiens ne font pas dans le rock mais dans la folk. Mais à voir les accoutrements des photos de presse (un trio affublé de toge à carreaux d’un goût douteux et de couvre-chefs non moins étonnants et je ne parle même pas des peintures de guerre) et à entendre les premières mesures du disque (un Troy maugréant à la manière d’un grand chef Indien), on peut se douter que celle-ci sera un brin psychédélique.


Oubliez ce décorum…Dead Western est un groupe bien plus subtil que cela et justement, c’est même dans la subtilité qu’il faudra chercher sa plus grande qualité. L’esprit général pourrait se situer entre Leonard Cohen, Lambchop et les premiers albums de Devendra Banhart mais Dead Western, indépendamment de la présence étonnante de son chanteur, trouve d’autres moyens d’imprimer sa patte.


En effet, Everything, Eternally est un album qui révèle sa vraie nature et sa profondeur, écoute après écoute. Derrière l’apparente aridité, ce rythme d’escargot, les Californiens font ressortir une luxuriance insoupçonnée : des cordes pointent le bout de leurs nez et un saxo vient troubler (légèrement) la nuit. Il y a du Calexico en creux sur My Own way, du Tinderstick plus communément dans ces ambiances crépusculaires et non moins accueillantes. Ou du Castanets pour cette recherche formelle au profit du folk le plus pur. Le psychédélisme est ici diffus (un magnifique Gratisphere orné de percussions et aux arpèges hantés) et c’est tant mieux, Dead Western proposant tout un monde à découvrir sans effets ni tapages. La sensibilité est bel et bien là dans des détails comme cette voix de fausset qui vient mettre toute l’émotion du monde sur all I Need is All Around.


Au début, on se dire que l’on va s’ennuyer et finalement, on y retourne encore et encore

denizor
8
Écrit par

Créée

le 13 janv. 2017

Critique lue 20 fois

denizor

Écrit par

Critique lue 20 fois

Du même critique

Oiseaux-Tempête
denizor
8

Critique de Oiseaux-Tempête par denizor

Le monde appartient aux ambitieux et Oiseaux-Tempête ne nous propose pas un simple voyage post-rock mais une véritable Odyssée dans une musique qui n’a pas encore livré tous ses secrets. Album après...

le 10 janv. 2014

13 j'aime

Pain Is Beauty
denizor
8

Critique de Pain Is Beauty par denizor

Il est amusant de voir la promo de Chelsea Wolfe ramer pour définir la musique de la demoiselle : « drone-metal-art-folk » tel est le genre-valise utilisé pour catégoriser la musique de l’Américaine...

le 28 oct. 2013

12 j'aime

After My Death
denizor
7

Psyché adolescente et autopsie d'une société

Samaria ou Poetry, le cinéma sud-coréen est hanté par les suicidées adolescentes. Nouvelle pierre à cet édifice mortifère, voici After my death, premier film de Kim Ui-Seok. Glaçant. Kyung-min, une...

le 19 nov. 2018

11 j'aime