Petite proposition de réflexion : et si les albums électroniques les plus intéressants étaient ceux qui mêlaient justement aux ordinateurs et claviers, des instruments acoustiques ? Un avis un peu trop définitif (et Aphex Twin ? ) mais qui trouve une nouvelle justification avec Fallen Arches de Sunken Foal. L'artiste irlandais - Duncan Murphy dans le civil - est à ranger dans la case fourre-tout "électronique" et pourtant son album commence avec Dutch Elm sur un piano et une guitare que n'auraient pas renié le sombre Red House Painters (à priori à des années-lumières de l'univers de Sunken Foal). L'électronique va arriver avec ses textures insaisissables, ses choeurs retravaillés et d'autres détails mais l'esprit est bel et bien là : organique et crépusculaire. Dans Fallen arches, il y a là de vraies compositions avec des accords jazz au piano, une guitare acoustique rythmique folk, une harpe irlandaise, une mandoline (Cash poor). Certains passages sont tout simplement post-rock avec des atmosphères un peu tournoyantes (The Rotunda) et rendraient fous de jalousie Mogwaï (Pumpy McGee).
Le chant est présent, rare mais touchant, et il n’est pas toujours vocodé (Hindsight is 20.20). C'est déjà très beau comme ça mais la production vient rendre plus impressionniste encore ces morceaux flottants. Sunken Foal ouvre des fausses pistes, rend plus abstrait ce qui pourrait couler de sources, joue sur des à peu près. Influencés dès lors par Fennesz, les sons et programmations peuvent venir même secouer cette mélancolie et créer un certain malaise. Ces moments rythmés, urbains et presque agressifs et qui ne donnent pas le réconfort d’être dansant (a bear in the hermitage, Rikkic). On l’a dit Duncan Murphy est irlandais et ce sang qui bat fort dans ses veines influence certainement la musique. Celle-ci semble parfois naître d’un esprit païen ancestral, d’une campagne sauvage. Ce qui crée un intéressant paradoxe avec la modernité induite des machines. Dès lors, on oublie la beauté de Dutch Elm, Cash poor, Pumpy Mc Gee, Hindsightune, une bête venue du fond des temps mais ayant repris vigueur à l’ère numérique débarque.