L'album de la consécration internationale, et du vide artistique

Révélé en 2016 par son featuring Cartine Cartier avec SCH, le rappeur italien Sfera Ebbasta n'avait cessé de gravir les échelons dans son propre pays, voyant son nombre de fans exploser à chaque sortie et devenant le porte étendard du rap de son pays.

S'il avait su évoluer au fil des projets, rajoutant une sauce pop dans sa trap milanaise, Sfera avait tout de même su garder l'ADN de ses débuts. Les refrains étaient pop , mais les instrus restaient trap, et les synthés s'imprégnaient des sonorités italo disco de l'Italie des 90s, que ce soit sur Happy Birthfday, Peace and Love ou encore Tran Tran.

Après le méga carton de Rockstar, Sfera se retrouvait face à un dilemme: viser encore plus haut sur le prochain album, et risquer de se perdre, ou bien revenir avec un projet introspectif?

Le premier single de Famoso laissait présager la seconde option. Sorti le 28 octobre, Bottiglie Prive a assomé les charts italien (se classant numero 1 dès sa sortie) et surtout révélait une facette jusque là inconnue de Sfera: celui d'un artiste submergé par le succès, incapable de faire face à ses problèmes personnels et face à une vie qui lui échappe. Comme le dit le refrain, ce n'est pas tout l'argent qu'il gagne qui le sauvera. L'instru majestuese de Charlie Charles sublime cet ambitieux single et nous offrait des espoirs exceptionnels pour l'album.

3 semaines plus tard, Famoso sort et c'est la déception. Loin de l'authenticité de Bottiglie Prive, le reste de la tracklist ressemble à un assemblage de sons fait pour plaire chacun à un segment du public. La stratégie a d'ailleurs parfaitement fonctionné puisque les 13 sons de l'album se sont emparés des 13 premières positions du top italien.

Pour ce qui est de la musique en revanche, c'est une autre paire de manches. Les featurings sont tous lamentablement peu surprenants, Sfera allant à chaque fois sur le terrain de son invité, qu'il s'agisse de l'EDM pop de Diplo et Steve Aoki, le reggaeton de J Balvin ou encore la trap boostée aux 808 de Future et Lil Mosey. Le reste des instrumentales sonnent comme un copié collé en moins bien de ses projets précédents, Gelosi et tik Tok sonnant comme des pâles resucées des morceaux de XVDR.

Les deux seuls morceaux semblants se rapprocher de l'ADN de Sfera sont Male (qui pourrait etre comparé à des singles français de 2017 ou 2018 tels que Mwaka Moon ou Le Code de SCH) et Giovane Re qui lui s'inspire plus des codes italo disco. En bref, un projet qui s'écoute facilement mais qui rompt avec l'ambition novatrice de son auteur. Une grosse déception en comparaison du talent d'un artiste de ce calibre. Sfera nous avait gratifié de certains des plus gros classiques du rap italien des 5 dernières années, il en est réduit à être une pop star pantin, prisonier des tendances et incapable d'imposer une once de style.