Depuis l début de l'année 2022, la folie des fictions et documentaires sur les escrocs bat son plein. Les rois de l'arnaque, The Tinder Swindler, WeCrashed. Dans un paysage des séries qui frôle l'overdose, The Dropout tire son épingle du jeu.
The Dropout raconte l'histoire d'Elizabeth Holmes, jeune surdouée qui avait pour espoir de révolutionner le domaine de la santé. Elle crée à 19 ans Theranos, une entreprise qui promettait de donner des résultats médicaux dans la journée à l'aide d'une simple goutte de sang. Au fur et à mesure des années, alors que Theranos ne montre aucun résultat tangible, elle crée un système très sophistiqué qui permettra de duper tous les investisseurs, entre faux résultats et sécurité maximale au sein des locaux de Theranos. La fête s'arrête brutalement en 2015 après un article du Wall Street Journal. Au total, Elizabeth Holmes aura fait perdre 700 millions de dollars aux investisseurs, et laissé 800 employés de Theranos sur le carreau.
La série montre de façon très précise la création d'un système de surveillance quasi stalinien au sein de Theranos. Par des closes de confidentialité drastiques, une armée d'avocat et des méthodes d'intimidation proche de la mafia, Elizabeth Holmes et son compagne Sunny Balwami réussissaient à décourager tous les potentiels lanceurs d'alerte.
Amanda Seyfried, elle, est bluffante dans ce qui constitue peut-être le meilleur rôle de sa carrière. Elle porte littéralement la série par une imitation hypertravaillée des mimiques d'Elizabeth Holmes. Elle arrive même à reproduire à la perfection un des aspects les plus terrifiants de la créatrice de Theranos : le fait de modifier sa voix en public pour la rendre plus grave et masculine. La psychopathie de la créatrice est illustrée tout au long de la série par des mensonges de plus en plus caractérisés, une perte de repères totale et une absence complète d'émotions ou de liens sociaux.
Plusieurs bonnes idées de réal se glissent dans la série. Par exemple, les réalisateurs attendent avant de nommer les années et nous laissent les deviner à travers les chansons jouées dans la voiture des protagonistes. On redécouvre avec plaisir de nombreux classiques des années 2010. Autre bonne idée, des longs plans séquences qui permettent au spectateur de s'immerger dans le bloc étouffant qu'est devenu Theranos au fil des années. La relation toxique de domination entre Sunny Balwami et Elizabeth Holmes n'en est que mieux décrite.
Entre thriller et drame psychologique, The Dropout se dévore en deux soirées avec son format court de 8 épisodes. La série se révèle miroir d'une époque où les faits et la raison scientifique se sont laissés happer par l'appétit dévorant des fonds d'investissements pour les jeunes pousses de la Silicon Valley. Et avec la bulle d'investissement startup actuelle, nul doute que de telles histoires se produiront à nouveau.