Petit agacement récurent : voir Holden ranger ça et là dans la case "chanson française". Erreur notoire qui serait du au simple fait qu'Armelle Pioline chante en français des textes par ailleurs bien écrits? Peut-être, à moins qu'Holden ne représente un idéal pour une chanson française contemporaine musicalement passionnante. Car, Holden c'est bien plus que de la chanson française - d'ailleurs la carta est chanté en espagnol - que ce soient dans les intentions formelles que dans les différents univers visités pour faire naitre les mélodies. Le duo français poursuit avec ce quatrième album son voyage intérieur en prenant toujours le Chili, patrie de Atom Heart, leur producteur attitré, et lieu d'enregistrement, comme point de départ. Armelle Pioline et Mocke sont plus que jamais des esprits libres et leur musique part d'une base certaine, une pop année 60 née sous le soleil de la Riviera, pour la rendre ensuite plus abstraite et moins facilement identifiable.
Jazz, bossa nova, musique électronique, rock...tout est présent, tout se confond, tout magnifie tout. La mélancolie du ton ne tombe pas dans la nostalgie, car la retro-pop de Holden se révèle foncièrement moderne. Et les petites chansons deviennent des petites oeuvres ambitieuses à écouter dans les expos d'art Contemporain. Le groupe ne se prend pas pourtant de trop au sérieux comme en témoigne Mia petite friandise électro-kitsch qui ramène volontiers Holden dans la culture populaire. On connaissait déjà le principe d'un duo qui rappellera autant Juana Molina, Alpha, Autour de Lucie, Françoiz Breut que Television. Sauf qu'avec Fantomatisme, Holden accentue ce sentiment aérien d'un groupe qui suit son propre chemin.