A la base, pour moi, The Internet ne se résumait qu'à quelques titres survolés sur Deezer. La couleur particulière des morceaux que j'avais écoutés m'avait en effet interpellé, mais sans plus ; selon moi, The Internet n'était qu'un énième groupe coincé dans son univers profond, trippant, mais difficile d'accès et étranger à mes oreilles. Ce ne fut qu'en me baladant à travers la Fnac que l'excellente pochette de Feel good attira mon regard : étant en pleine période creuse en terme de bonnes musiques, je décidai de l'acheter.
Calé sur un fauteuil, ruminant l'impression assez fade que j'avais eue vis-a-vis des extraits écoutés, je lance le disque avec une certaine appréhension, et les 2 premiers titres me laissent dubitatif. Trop léger, trop abstrait ? Je ne saurais dire pourquoi ma sensibilité glisse sur les arrangements pourtant entraînants de "Tellem" et "Sunset (ft. Yuna Zarai)". Il me faut donc me cramponner à mon casque jusqu'à "Dontcha", un morceau groovy à la basse généreuse, pour commencer à capter et à comprendre cette ambiance smooth et raffinée qu'est celle de Feel Good. La suite est cependant moins encourageante : la trackliste enchaîne sur "You don't even know (ft. Tay Walker)". La mélodie est belle, les arrangements sont de qualité, mais encore une fois, l'hyper-légèreté et l'instrumentale lisse à en être ennuyeuse n'arrivent pas à captiver mon attention ; agacé, je passe tout de suite à "Pupil / The patience", et là, c'est le choc. Sur quelques notes de synthé, une basse souple et un rythme de batterie simple et carré, Syd tha Kyd pose une voix élégante et arrive à imposer une ambiance délicieusement cool et efficace. A partir de là, les réussites se succèdent : entre la poésie de "Red Balloon", l'originalité de "Cloud of our own" et la vitesse du beat de "Runnin", The Internet réussit avec brio à m'inviter dans leur monde serein et jazzy ; mais la perle de l'album s'anonce néanmoins avec le brilliantissime "Matt's apartment". Les sonorités profondément planantes se fondent parfaitement avec le groove délicat caractéristique du groupe ; la basse statique danse avec la guitare électrique énervée et agressive : nous sommes à l'apogée de ce trip-hop vaste et léger représentatif de The Internet. Malheureusement, malgré ce total succès, le reste de l'album s'avère décevant. Si j'entre sans peine dans le trip mélancolique de "Shadow Dance", "Wanders of the mind" se révèle franchement ennuyeux, et le piano précipité et subtil de "Partners in Crime, Pt. 2" n'arrive pas à rattraper l’échec qu'est la tentative de "Higher Times (ft. Jesse Boykins III)". Feel Good se conclut donc sur une défaite, fait bien triste.
En conclusion, mon opinion est mitigée ; mais c'est malgré les quelques bides de l'album que j'accorde un 7 bien mérité a ce groupe prometteur et empli d'un potentiel jeune, frais et innovateur qu'il faut encourager par tous les moyens. A suivre !!
Critique à retrouver sur http://highcloudblog.wordpress.com/