Cette chronique commencera par un regret, ne pas avoir vu Black Forest / Black sea en concert. En effet, ce duo improvise sa musique et quoi de mieux que d'être présent physiquement pendant cette création. Miriam Goldberg (Violoncelle) et Jeffrey Alexander (guitariste, effets et membre par ailleurs de the Iditarod) sont donc originaires de Providence, Rhodes Island et Forcefields and Constellations regroupe donc une partie de leurs musiques improvisées durant l'année 2003. Avec BF / BS, il convient de laisser tous ses repères au vestiaire, nous sommes sur un terrain d'expérimentations sonores. Si à la base, le duo peut se revendiquer d'une appartenance folk, nous sommes désormais bien loin de la simple chanson jouée à la guitare. Le duo mêle perpétuellement un travail sur les cordes (du violoncelle, de la guitare) et une omniprésence d' effets électroniques. Sur certains titres, la guitare devient plus présente (Nylon 1, petit intermède touchant) ; sur d'autres Miriam commence à esquisser un chant (à faire passer Hope Sandoval pour une gueularde) : BF/BS devient dès lors un Mazzy star ambiant (These things, Fish no Fish). Mais le plus souvent, le duo n'essaye pas plus que ça de rendre sa musique figurative ou narrative. Nous nageons en pleine abstraction entre travail sur la dissonance (sur With a dead man I've never met une phrase d'archet est mise en boucle pour être retriturée en direct) et épure formelle. Sur cette base folk, BF/BS converge vers la musique contemporaine de Steve Reich, la musique de chanmbre ou les expérimentations électroniques (de Eno à Richard D James). Au milieu d'un album étonnement cohérent, nous vivons donc des moments magnifiques comme le plus post-rock Hung far Lowish (avec guitare électrique fluide et bouzouki). Un album planant pour rêver les yeux ouverts.