On a tendance à appeler ce genre de musique du Folktronica, un mot-valise qui essaye de résumer deux tendances présentes chez un artiste comme Colour cassette (un esprit traditionnel et un matériel technique) mais qui, au final, oublie l'essentiel. Jason Corder, Américain pure souche du Kentucky, à l'origine de Colour Cassette, est bel et bien un songwriter, écrivant des chansons personnelles sur une vieille guitare comme l'aurait fait Nick Drake il y a 40 ans. Ses mélodies ne sont pas sans évoquer la mélancolie un peu obsédante et les compositions délicates du slowcore d'Idaho. Mais Corder vit dans les années 2000 et la technique actuelle - l'électronique, les programmations, le home-studio - lui permet d'enrichir de substances (illicites ?) son univers initial. L'Américain s'aide aussi d'amis musiciens venus apporter leurs pierres à cet édifice fragile et touchant. Au final, Forever Sparrow est donc un album hybride qui met au défi chaque auditeur de reconnaître ce qui est de l'ordre de l'électronique, de l'électrique (avec des guitares qui entrent en résonnance) ou de l'acoustique (violon, xylophone).
Chaque instrument se fond à un autre dans une lente collision silencieuse et chaque son semble plus éclore qu'arriver dans cette musique contemplative. Les bruits de la nature semblent venir se mêler à cette douce communion avec l'aurore naissante (Angels in ashes). Le bonheur de l'écoute rappelle des sensations qui rendent le quotidien magique : comme s'étirer après une languide torpeur, comme ressentir un soleil du matin sur son visage ou une légère brise dans ses cheveux. Le résultat de cette musique toujours sur le fil évoquera les premiers albums de Hood et encore plus le projet bis de certains de leurs membres, les impressionnistes Remote Viewer.Il rappellera aussi à notre bon souvenir le Spirit of Eden de Talk Talk. Avec Color Cassette, Le temps s'étire et plus rien n'a plus d'importance sauf ce doux sentiment d'abandon. Magnifique.