En 1988, Prefab Sprout et Thomas Dolby reviennent avec ce 3e album. Pour la première fois, les claviers ont largement pris le dessus sur les guitares, orientant le son et l'univers du groupe vers un plus large public. Pour preuve, deux prestigieux invités figurent sur sur cet opus : Pete Townshend et Stevie Wonder.
Moins intimiste, un peu fourre-tout, il s'agit néanmoins du dernier album qui n'aura pas la forme d'un concept-album comme les suivants. Et, même s'il contient des bijoux, il s'avère très inégal.
On débute avec "The king of Rock n' Roll". Effets bizarres, dérision, musique binaire et quelconque, je suis déjà refroidi. Cette chanson ne leur va pas du tout. En boucle sur MTV à l'époque, elle ne colle pas du tout à l'univers diaphane, éthéré, cristallin de Prefab Sprout. Pour moi, c'est une mauvaise chansonnette sans inspiration, même si, Paddy Mc Aloon oblige, pleine de malice.
Dieu merci, je retrouve mon groupe chéri dans leur autre tube "Cars & Girls", beaucoup plus dans la veine des œuvres passées. C'est un titre certes simple et accrocheur, mais néanmoins délicat, qui aborde le sujet du machisme et des grosses voitures. Dédicace à Bruce Springsteen. à l'époque.
"I remember that" est une jolie balade, certes pleine de nappes mais gracieuse et suivie, malheureusement du dispensable "Enchanted". "Nightingales" remet le couvert du romantisme, avec, encore une balade bien exécutée pour clore la première face (du LP).
On doute bien la seconde partie avec le joli "Hey Manhattan", au son carrément léché et aux arrangements efficaces. C'est différent du passé, mais c'est une évolution positive. En tout cas, c'est un titre élégant. Et pour Prefab Sprout, ça colle.
La suite... Le pseudo reggae électronique "Knock on Wood" et le rock "The golden Calf" sont insipides au possible. Il n'y a rien. Les structures sont entendues mille fois, les mélodies fades. Passons.
On finit l'album avec deux jolis titres, mais qui donnent l'impression d'être les petits frères des deux balades précédentes. C'est lent, très bien fait, mais pas vraiment original.
Au bilan, un album très commercial, noyé de synthétiseurs pas désagréables mais qui rompent définitivement avec les deux albums précédents. L'évolution est une bonne chose, mais ce "From Langley Park to Memphis", parfaitement produit et arrangé, a perdu tout le charme de Prefab Sprout. Preuve qu'il ne faut pas être fermé au progrès, le suivant "Jordan the Comeback", encore plus électronique s'avérera, lui, comme une grande réussite.