Les groupes issus de la scène cold wave du début des années 80 ne sont plus légions. Découvert par Robert Smith et Lol Tolhurst (qui a même produit leur premier album), comparé à Joy Division, encensé par toute la critique à l'époque de "Millpond Years"(88) et "Farewell to the shade"(89), And Also The Trees fait partie de ces groupes cultes qui impressionnent durablement, au point d'être ravi de les retrouver intacts ou presque en 2003. On savait que cela risquait d'arriver, le groupe ayant choisi la voie plus sûre et plus libre de l'autoproduction avec leur précédent album, un "Silver Soul" un brin décevant. 5 ans plus tard, on les retrouve en pleine forme avec ce nouvel album. « Further… » peut poser problème pour le rock critique fan du groupe. Il peut être victime de deux écueils soit en tentant la comparaison systématique (danger du «C’était quand même mieux avant, à l’époque de Virus Meadow (86) et ses accès de violence crue ! ») ou soit en rehaussant d’emblée son appréciation par souvenirs émus du passé glorieux du groupe. Ce 8e album nous préservera de ses risques car même en le tournant dans tous les sens, il est intrinsèquement remarquable. Le AATT 2003 est plus adulte que jamais et maîtrise son affaire avec classe et distinction. Le groupe emmené par les frères Jones n'en a pas perdu pour autant son romantisme noir et cet attrait pour les ambiances clair-obscur. Des points qui font toute la force et la complexité de la musique de AATT (la structure sinueuseThe Untangled man). La voix affectée et les textes littéraires et poétiques de Simon Huw sont toujours aussi magiques. La guitare brillante et tranchante de Justin aussi. Le groupe arrive toujours en une légère variation à nous émouvoir et c'est là, l'apanage des plus grands. Le talent de AATT est bel et bien là préservé du temps et des modes et ce n'est pas The man who ran away ou l'intense Genevieve qui nous diront le contraire. Au final, « Further… » est indispensable pour les fans et pour les autres.