La case "musique électronique" ne veut pas dire grand-chose. Swod, groupe formé par Oliver Doerell et Stephan Wöhrmann, respectivement guitariste/bassiste et pianiste/batteur, en est une nouvelle preuve. On gardera la formule pour commencer à aiguiller, rajoutant le terme "cinématographique" pour bien appuyer le fait que la musique de Swod, totalement instrumentale, se prêterait volontiers à devenir la bande son d'un film, pas toujours narratif, à l'intrigue minimale mais à la photo superbe et à l'émotion née de cette beauté plastique. Avec Swod, le piano est à l'honneur, un instrument au centre de tout où chaque touche semble résonner et devient un élément en soi. Le jeu s'emballe, le piano devient ensorcelant. Il s'avance en pointillé marquant les pauses et silences, il devient impressionniste. L'ombre de Keith Jarrett plane souvent, poussant Swod aux portes d'un jazz minéral. On peut aussi penser aux recherches musicales de Sylvain Chauveau. Derrière, en bons disciples de Aphex Twin, Oliver et Stephan triturent des sons, rajoutent une basse (Fugitif 1)ou des arpèges de guitares balbutiantes (gehen) donnant une profondeur dramatique à la pureté acoustique du piano. Swod propose avec Gehen ("marcher" en français) de s'avancer à la lisière d'un paysage émotionnel.