Autour, les Ténèbres
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Ljosazabojstwa se démarque du lot pour trois raisons : premièrement un nom aussi imprononçable qu’impossible à retenir. Ensuite, des paroles intégralement en biélorusse quand la langue de Dostoïevski est globalement préférée par leurs compatriotes. Enfin, Głoryja Śmierci est à mon sens l’une des plus meilleures sorties du moment dans le genre. J’avais déjà le groupe dans le collimateur depuis leur EP Sychodžańnie sorti chez Hellthrashers Productions. Pas grand-chose d’autre à dire sur cette jeune formation, aucune information ne filtre sur les musiciens. Ils refusent expressément tout concert et les rares interviews sont pour le moins très laconiques : « Da / Niet / We enjoy old school extreme metal ». Autant dire que c’est le flou complet. Leur signature chez l’excellent Godz Ov War leur permet de sortir leur premier album.
On peut déjà se dire que cinq longs titres développés au sein d’un premier album de trois quarts d’heure soit un temps de digestion assez long, c’est quitte ou double. Cela peut faire peur aux auditeurs de passage comme gaver par avance les amateurs avertis. Et on aurait raison de douter car à la première dégustation, la performance n’en est que meilleure. C’est clairement le double qui l’emporte. L’écriture n’est jamais laborieuse, elle va droit au but et ce n’est pas le riff dingue de l’ouverture, ma foi assez thrashy, qui me contredira. Il est rare de ressentir de l’ennui sur ces titres dont la longueur est comprise entre sept et neuf minutes. Pachawalnyja śpiewy avec ses presque dix minutes accumule des passages lourds, sales mais vraiment groovy qui renvoient à Necros Christos tandis que des leads vicieux savent toujours casser la torpeur au bon moment, dans des riffs séquencés, plus véloces qui rappellent quant à eux Mortuary Drape. Le groupe sait très bien faire le jeu de bascule entre ces différentes salles des tortures pour mieux retenir son prisonnier. Plus qu’un haut degré d’écriture intelligente, on sent nos musiciens littéralement habités - ou corrompus, c’est selon - par l’ombre de ce metal de la mort. Des passages encore plus traînants dans un lent mid-tempo, accompagnés par des cordes réverbérées et des rythmiques écrasantes savent conclure avec brio ces incantations sur lesquelles on est appelé à revenir souvent. Les fans de Mystifier apprécieront.
Il n’y a par ailleurs rien à redire par rapport à l’exécution de leur art rouge et noir. La production convient de rendre honneur à l’épaisseur gluante des cordes sans altérer la lisibilité des riffs que ce soit dans le gras qui tache ou les soli qui prennent le dessus. La batterie a ce son mat qui sied parfaitement au genre, les vocaux sont d’une qualité constante à défaut d’être singuliers. On est vraiment proche du sans faute.
De l’excellent Teitanblood au très primaire Anal Blasphemy en passant par les extrémistes de Revenge ou Diocletian, il faut quand même avouer une étiquette large, parfois fourre-tout malgré une thématique commune. Le death metal à ambiances blackisantes (ou l’inverse) est devenu un genre à part entière. On aurait néanmoins tort de vouloir chercher chez Ljosazabojstwa quelconque volonté de tirer la carte originalité. En dehors du côté rampant qui confine parfois jusqu’au doom, il faut entendre les très nombreux clins d’œil aux classiques des années 1980, notamment en thrash metal. Beaucoup seront agréablement surpris par les quelques très solides leads et soli directement hérités de Slayer, époque qui va de Reign In Blood à Seasons In The Abyss, ou même encore un évident hommage remis au goût du jour du Seven Churches de Possessed. Du grand art.
Głoryja Śmierci est donc une excellente surprise. Nous sommes en 2020 et un groupe que l’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam propose un album solide à tous les niveaux, sans gavage ni fan service gratuit qui renvoie au metal extrême des grandes heures. Un album-somme plus qu’un album-compilation, l’hommage plutôt que la pose. Le même parti-pris qu’un Obliteration pour se faire une idée, mais débauché par le Diable.
Chronique originalement publiée pour le webzine Horns-Up
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Créée
le 21 nov. 2021
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