The Clientele, c’est un peu le gardien du temple de la pop orchestrale ; une classe harmonique et instrumentale en droite ligne de l’élégance des années 60. Le groupe est à ranger aux côtés de l’invariable et résistant Louis Philippe (arrangeur et chef d’orchestre des cordes). The Clientele, meilleur que le Français susnommé – avouons-le - distille bel et bien le genre de mélodies qui vous interdit puis vous agace en les comparant au succès de l’endive James Blunt, qui vend des caisses de disque alors que The Clientele rime avec confidentiel. Le temps aidant, un sentiment de nostalgie vient se nicher dans ce piano de salon, ces cordes de chambre et ces guitares de boudoir, celui d’un fantasme d’une pop éternellement classieuse, parée de velours et devenant numéro 1 aux hits parade. On n’en est loin et le R’n’B vulgaire et le rock dans sa version la plus facile et la plus crâneuse tiennent plus facilement le haut du pavé que les circonvolutions harmoniques de The Clientele.
Admettons que certains titres apparaissent comme un peu niais, contrepartie fâcheuse de vouloir adoucir et de rendre délicieux chaque angle d’une musique parfaitement carénée. Mais d’autres apparaissent illico presto comme des classiques du genre, entraînants sans être racoleurs (Winter on Victoria Street ou la Badly Drawn boy- ien bookshop Casanova). The Clientele est à son top dans ses morceaux en apparence les plus insignifiants, sans refrains affirmés ; des morceaux d’album composés et joués avec beaucoup de feeling. The Queen Of Seville ou No dreams last night, proches de Mojave 3, évoquera le clair-obscur des ciels West Coast. De These days nothing but sunshine, il émane, derrière la slide guitare, un vrai sentiment soul. Allez on y croit, la pop peut encore sauver le monde. God save the Clientele !