Putting Music In Its Place
Cet album a pris place dans les bacs à disques dégarnis de votre enseigne favorite en…2014 !
C’est pas si loin.
A c’t’époque où Bad religion traînait la patte discrètement, regardant autre part, un peu absent, tentant tant bien que mal d’afficher une face placide et digne au monde, camouflant son inspiration déclinante sous une grosse dose de savoir-faire maison et d’expérience. Pourtant ça commençait à sentir le renfermé.
A c’t’époque pas lointaine disais-je où NoFX revenait aux sources, surprenant son monde, décevant celui-ci, convainquant celui-là. En ce temps d’y a pas longtemps où la bande du gros Mike lissait les angles avec le sourire, tenait la barre chahutée de son navire avec dextérité mais la tourmente hantait le capitaine fourbu et alcoolisé.
En 2014, hier encore où les punks de tous bords pleuraient Tommy Ramone, son héritage infini.
A l’époque où le Punk était mort et enterré.
En’l’temps où un petit groupe de seconde zone qui soudain n’est plus si petit a décidé de synthétiser l’essentiel du meilleur de tout son talent en 38 minutes salvatrices. Mais oui tu m’as bien lu ! Hang n’éternise pas son propos. 38 misérables minutes de Punk enragé pour rallumer, et pour longtemps, la flamme d’une passion qui a encore de beaux jours devant elle.
Tiens toi bien, l’ami, ça riffe salement, j’te parle là de riffs de haute volée, taillés au canif, gras comme les cheveux de Joey Cape un dimanche matin. Ça violente, ça réveille la conscience. Mais, qu’on m’en soit témoin, c’est bêtement beau. Lagwagon offre au Punk mélodique ses nouvelles lettres de noblesses. Le chant de Cape est une pure merveille de subtilité en ce monde sauvage. Autour ça mitraille, ça saccage et lui promène sa belle poésie Punk entre les rafales, à contre-emploi mais miraculeusement rayonnant, parfaitement à sa place.
Bien sûr, là tout de suite au temps de maintenant alors que ce brûlot ravageur tourne pour la énième fois autour de mes oreilles, je pense au père NoFX (Lagwagon est signé chez Fat Wreck Chords, le label de Mike le corpulent, de coïncidence point). Oui je vois en Lagwagon l’héritage spirituel de la bande, leur approche rafraîchissante et foutiste, seule à même d’apporter l’étincelle de nouveauté qui fait si souvent défaut.
Plus encore, là tout de suite, j’entends en ce petit groupe plus si petit l’immense perfectionnisme de Bad religion, cet acharnement à ne proposer qu’un produit de première classe, fignolé jusqu’au bout du bout. J’ai des réminiscences de The empire strikes first et même MÊME de Generator.
Mais plus que tout ça, j’entends un leader en devenir, une identité bien à lui, une fougue sans limite et un talent bluffant.
J’ai envie de l’aimer cet album qui représente tant en ces temps de disette. J’ai envie que tout le monde, partout, aime cet album. J’ai envie que chacun sente le vent délicat de fraîcheur qu’il souffle sur une scène moribonde. J’ai envie que Lagwagon aille loin, qu’ils persistent, réussissent, créent leur label indépendant et signent à leur tour de jeunes imbéciles alcoolisés pour leur donner leur chance comme la fois, à l’époque un peu plus lointaine, ouais c’était en 1988 où Brett Gurewitz (Bad Religion) a décidé de produire une bande d’imbéciles qui se faisaient appeler NoFX, juste pour voir où ça irait, ou la fois, c’était en 1992 ouais, où Mike l’obèse (NoFX) qui alors était plutôt maigrichon a décidé de donner leur chance sur son label à une autre troupe d’imbéciles appelée Lagwagon, juste pour voir où ça irait…