chronique écrite en 2003 :
Vous le savez peut-être pour les 20 ans de Ludwig von 88, le label Crash a décidé de mettre les plats dans les grands en ressortant tout le catalogue de cette légende keuponne. Bon, on a fait un peu l'impasse sur toutes les sorties mais impossible de ne pas reparler de l'EP Hiroshima sorti en 1995 pour le cinquantième anniversaire de cette tragédie. Pour cela, les Ludwig n'ont pas fait les choses à moitié proposant en plus de 6 titres aux textes particulièrement soignés (le devoir de mémoire, cela motive) un livret de 32 pages. Là, sont rappelés la genèse du projet, le déroulement de l'opération surtout des témoignages édifiants des témoins et des victimes. C'est sûr, cela plombe une ambiance mais c'est aussi poignant qu'intéressant. Et cela permet à coup sûr de chasser tout sentiment belliqueux ou militariste. Pour ce qui est de la musique, on est bien entendu en terrain connu : des guitares punks et une boîte à rythme derrière des textes scandés. Pas renversant sur Manhattan, Enola gay et Hiroshima mais à son optimum sur Little boy. Et puis il y a Fire où au maximum de l'horreur, Ludwig Von 88 prend le risque de brouiller ses cartes entre emo et noise. Il fallait bien ça...La fin pleine de cynisme (Hibakusha...reggae !) ne change rien à l'affaire. Hiroshima est une oeuvre complète qui vaut autant pour son livret (plus même, avouons-le) que pour sa musique. Loin de la déconne de Houlala , cet EP montre que les Keupons savent allier le fond et la forme.