C’est avec des groupes comme celui-ci qu’on se dit que la créativité made in USA a encore de beaux jours devant elle. De ce groupe de Seatlle on n’attendait rien de vraiment original si ce n’est un nom à coucher dehors. Et pourtant dès le premier titre de l’album At night, on se dit qu’il va se passer quelque chose de fort : des cordes aériennes émergeant d’une mélodie bluesy, comme une clairière au sortir d’une forêt touffue, on n’attendait pas ça de ces Américains rustiques. Clap your hand say yeah nous avait déjà prouvé qu’il faut se méfier d’Américains en apparence bien tranquilles. Etonnamment, Mt St Helens Vietnam Band a écouté Radiohead, cela s’entend sur Leaving trails, titre poignant aux harmonies clair obscurs. Par la suite, les Américains ne vont plus citer si explicitement le groupe de Thom Yorke, mais preuve est faîte que MSHVB sait mettre une pointe de recherches dans sa musique cousue de fil gris, preuve aussi que le groupe sait mêler subtilités d’arrangements dans des mélodies par ailleurs accessibles.
Le groupe ne va avoir de cesse de se renouveler, de tenter des choses et d’explorer différentes pistes, mêler à son ossature de guitares, des cordes et des claviers vintages. The roof va donc finir dans un anachronique solo flamboyant. La ritournelle guillerette va perdre de sa routine par des ruptures psychédéliques. Not to know pourra être classé dans la rubrique « pop en dentelles ». You were / I was a le souffle d’une tragédie antique, tandis que Gone away prend l’option inverse, un titre murmuré glissant sur un léger tapis de guitares et de nappes synthétiques. Ce groupe semble aussi à l’aise dans une certaine emphase qu’un less is more bouleversant (le dernier titre, George Clark, folk dépouillé rehaussé de chœurs lumineux, en est un autre exemple). Et puis, tout reste presque grand public : la richesse de In a Hole en fait un magnifique tube entre The National et Jeff Buckley. Avec Mt ST HelensVietnam Band, il se passe toujours quelque chose et c’est ça qui est bien.