Telle la chimère de la pochette (mi chèvre mi poisson), Alfie Ryner ressemble à une créature hybride nageant en eaux troubles. Le chant sur l’inaugural La Kunda pourrait nous faire passer à côté d’un bon disque, le phrasé et la voix avec accent pouvant évoquer Zebda. Mais Alfie Ryner est à la fois plus jazz et plus rock que cela, entre brass band et giclée séminale. Les Français,, tirés à quatre épingles, comme les braqueurs de Reservoir Dogs, aiment surtout prendre leur auditeur à rebrousse poil et enchainent donc un tango bruitiste (Tango Toxico) avec une lente déambulation toute en respiration entre jazz et post-rock que n’aurait pas renié Tortoise (5+5=9). Avec Hum et redhum, il est temps de sentir la sueur et la moiteur de la nuit : la guitare sombre dans la folie d’un solo hypnotique et la rythmique free, vous emmène aussitôt dans le sous-sol d’un club enfumé. On pourrait citer Soul Coughing, Morphine et tout ceux qui ont jeté une passerelle entre jazz et rock mais on a encore plus l’impression de se retrouver dans un film noir dans un New York années 60 ou dans un livre de Chester Himes.