Il fallait sans doute une bonne dose de courage à Gudrun Gut pour passer de l’autre côté de la barrière. Productrice radio, DJ-ette, et surtout fondatrice de Monika Entreprise, un des plus intéressants labels allemands, Gudrun sort aujourd’hui, 10 ans après la première référence de sa structure, son premier album comme artiste, un I put a record on programmé, joué, produit et mixé par l’Allemande elle-même. Elle est aidée par quelques amis dont Uta Heller et Matt Elliott pour une reprise méconnaissable du titre de Smog Rock Bottom Riser. Le choix de ce titre est d’ailleurs symptomatique de la musique de Gudrun. Une tendance blues, folk, boogie (Girlboogie 6) voire carrément tango (Move me) mais tirée du côté du tout électronique.
Le résultat combine donc une base très carnée avec une froideur et un détachement synthétique (mention spéciale au poissard Blätterwald). Avec sa voix posée, plus parlée que chantée, Gudrun Gut rappelle carrément Marianne Faithfull de Sex with Strangers voire encore plus les remixes faits pour l’égérie Britannique. I put a record on est un vrai album avec une vraie identité qui favorise plus une ambiance générale entêtante, une plongée en apnée que des titres réellement marquants. Gudrun Gut a contre elle de sortir quelques morceaux déjà old school comme The land, électro ambiant sympathique mais qui a 10 ans de retard ou de reprendre quelques atmosphères larvées qui ont fait les belles nuits de Massive Attack à l’époque de Mezzanine. Agréable compagnon mais un peu lassant à la longue.