[Cette critique s’inscrit dans le cadre d’une série de posts, où je parle de tous les albums de Radiohead. Je n’avais jamais réellement écouté ce groupe, et je m’y suis enfin mis cette année. J’avais pas mal de trucs à dire, c’est pourquoi j’en fais des critiques entières, même si je pense que de par mes goûts et expériences musicales, je dois pas être le plus objectif et le plus compétent. Bonne lecture !]
A sa sortie, cet album avait fait ce que l’on appelait pas encore ainsi : un buzz. Radiohead a rompu avec EMI après la sortie d’Hail to the thief, et a mis en ligne son album en ligne lui-même, gratuitement, ou du moins à prix libre. A l’époque où on n’écoutait rien en streaming, encore moins gratuitement (même en échange de quelques visionnages de pubs), cette démarche constituait un pied-de-nez total à la doxa ambiante “le téléchargement tue l’artiste”.
Musicalement, est-ce qu’on doit faire aussi face à une petite révolution ? Et bien pas trop. Malgré cette approche nouvelle, et un retour en studio poussif humainement et créativement, le groupe propose un disque dans la continuité de Hail to the thief. On retrouve ces même influences, tantôt électroniques, tantôt plus électriques.
La synthèse des genres opérée sur l’album précédent continue de plus belle sur cet opus. A mon sens, le petit tour de force d’In Rainbows et d’être encore plus accessible et appropriable que ses prédécesseurs depuis 2000, alors que le contenu n’est pas simplifié pour autant. Il n’y a qu’à voir le nombre de pistes qui composent chaque morceau : de la guitare ajoutée juste pour caler une note qui tourne dans un delay, au clavier qui vient agrémenter certaines parties, cette superposition de couches fonctionne super bien. C’est lisible, ça tombe à point nommé, c’est pas juste là pour en faire trop ou pour complexifier inutilement le morceau.
Que ce soir Reckoner, 15 Step, Nude, Bodysnatchers ou Weird fishes, chaque titre propose son atmosphère bien à elle, bien identifiable et surtout efficace : ça reste en tête. Les petites mélodies de voix en backing (par exemple les couplets de Weird fishes), la mélodie piano (comme sur la fin de All I need), la présence de cordes (comme sur Faust Arp) ou d’autres éléments marquent ici et là des signatures : des pistes pas forcément centrales dans leurs morceaux respectifs, mais qui reviendront comme point de repère quand vous repensez à ou réécoutez ces chansons.
Ca doit être l’album que je l’ai le moins écouté parmi les 9 qui composent actuellement la discographie. Non pas parce qu’on fait le tour en 3 écoutes, mais simplement parce qu’il est constant et homogène : pas d’alternances de temps forts/coups de mou, pas d’efforts superflus pour se “mettre dans l’ambiance”. La contrepartie de ça, c’est peut-être de proposer uniquement des titres qui “passent bien”, mais qui ne réinventent pas grand chose, qui vous ne bousculeront pas vos goûts et habitudes. C’est peut-être aussi pour ça que je le trouve aussi confortable, bien plus que Kid A ou Amnesiac. Je pourrais donc comprendre assez facilement les fans et les curieux qui trouveraient cet album fade par rapport au reste.
Enfin, pour reprendre sur l’extra-musical, il est assez original de constater qu’en comptant uniquement la sortie dématérialisée, Radiohead avait généré plus d’argent que sur toutes les ventes d’Hail to the thief. J’ai tendance à croire que ce coup marketing a un peu embelli l’album. Le groupe a par exemple reçu un troisième Grammy award (après OK Computer et Kid A), alors qu’aujourd’hui il me paraît difficile d'affirmer qu’In Rainbows a (musicalement) autant marqué son époque que les deux autres. Sans accuser cet opus d’être surcoté, force est de constater que l’impact commercial et marketing a été bien plus fort que sa reconnaissance sur le long terme.
Sources :
Mes autres avis sur Radiohead :