Moins médiatisé dans le landerneau rock que la rencontre (ratée) entre Metallica et Lou Reed, voici Juju soit la collaboration hors normes de Justin Adams et Juldeh Camara. Ces deux là doivent s’aimer puisqu’ils en sont déjà à leur troisième album et par un virage sémantique, leurs deux patronymes séparés jusqu’alors se fondent désormais dans un même nom amalgamant leur syllabe commune. Passée la surprise de découvrir ce projet (ce qui est mon cas), on se dit que l’ex guitariste de Robert Plant et le griot gambien étaient faits pour se rencontrer. Déjà car Justin a vécu en Egypte – il a donc baigné dans ces ambiances de transe éthnique – et qu’il a aussi collaboré avec Jah Wobble, autre amateur de métissage nord/sud. Mais surtout, car on peut trouver des similitudes d’énergie entre le rock blanc et la musique africaine. La guitare lourde de Justin donne une assise et du poids à une world en permanente envolée, suivant les arabesques du fil de la vièle africaine du Gambien. Juldeh défie la gravité et Justin lui permet de réaliser ce miracle en se mettant souvent en retrait. Les percussions font le reste et nous mènent dans la fameuse transe annoncée dans le titre. Nos oreilles occidentales pourront trouver le résultat un peu répétif à la longue. Il n’empêche Realworld, le label de Peter Gabriel faut-il le répéter, réussi un nouveau mariage musical brillant et énergisant. On en mouille sa chemise.