N’ayez pas peur. Nous ne sommes pas devant le fronton d’une église mais bel et bien devant le cet album d’Imagho. Rien à voir, sauf peut-être que la passion qui anime Jean-Louis Prades, son implication totale a quelque chose de mystique et touche à la grâce. Si, si…N’ayez pas peur car le guitariste chercheur de son, laborantin de l’onde et improvisateur, exprime son moi intérieur dans une musique dite « expérimentale ». ça y est le mot est lâché et il y a à craindre qu’une partie du lectorat soit allé lire la chronique d’en dessous. Pourtant, à l’heure où le post-rock est devenu un genre presque commercial, à une époque où Jim O’Rourke fait de la musique depuis déjà de nombreuses années, la musique d’Imagho sonne presque comme familière à nos oreilles.
Quelques dissonances maîtrisées, quelques larsens laissés en liberté juste ce qu’il faut, Prades chevauche sa musique avec plus de doigté qu'auparavant ; il la laisse vivre mais garde le contrôle, comme une éducation réussie. Inside looking out ressemble presque à un album de folk électrique, beau et courageux, qui distille une profonde mélancolie. Cet album est aussi celui de l’ouverture : des voix fragiles à l’extrême (David Fenech et Vanessa Saraff, sur le fil), un saxophone venu du jazz (Daniel Palomo Vinuesa) et un habillage électronique pointilliste (Cyclyk) permettent sans doute à Imagho de faire une musique plus humaine, sans faire de compromis au conformisme. On se met donc à imaginer que cet album touchant trouve le plus large des publics. On peut toujours rêver. En tout cas, cet album faussement less is more devient un beau marchepied pour la rêverie. En tout cas n’ayez pas peur, cet album ne mord pas mais caresse.