1- Consolidation des acquis 2- Extension géographique et prise de nouveaux marchés. Dans le cadre d'une société de robinetterie, cela serait ennuyeux. Avec des musiciens de la trempe de Tarwater, c'est déjà plus intéressant.
Pour un groupe comme Tarwater, se renouveler ne doit pas être une sinécure. Le duo berlinois existe depuis 15 ans et n'a pas chômé , additionnant à ses propres albums les collaborations pour d'autres groupes et les projets annexes (cinéma, Théâtre, expo). Ronald Lippok et Bernd Jestram ont créé un son qui leur propre, fait de minimalisme, obsédant et de répétition hypnotique. Avec Spider Smile, leur dernier opus, ils étaient quelque peu sortis de cette ornière proposant une pop ultra sophistiquée. Avec Inside the ships, ils reviennent à la base de leur musique avec des titres qu'on aurait pu entendre sur Silur, des titres addictifs à la fois envoûtants et maléfiques (le blues synthétique Photographed, Radio War). Dans ce nouvel opus, Tarwater reprend un titre de DAF, un groupe qui peut a posteriori être perçu comme une influence du duo : Sato Sato permet aussi à Lippok de chanter pour la première fois en allemand.
Mais l'essentiel est ailleurs. Et ce classique new wave allemand est désormais rythmé par une vraie fanfare (autre partie de la culture teutonne) et des percussions venues d'ailleurs. Inside the Ships est l'occasion pour le duo Allemand de sortir de sa germanité électronique pour inscrire sa musique dans un cadre géographique plus large. Déjà Spider Smile employait un orchestre de gamelans balinais. Avec ce dernier opus, plus que jamais, Tarwater infuse dans sa musique électronique, cold wave, blues, jazz et world music. Furkan déambule à la recherche d'une transe possible. Ce que réussit In a day qui semble vouloir rapprocher Berlin de Calcutta. Sur Inside The Ships, le saxo se fait une place de choix notamment sur There never was the light, morceau étrange, nocturne et décalé. Reste à parler du meilleur morceau du disque qui,, à lui seul, révèle tout le talent du Tarwater : le duo se réapproprie Do the Oz, un obscur titre de John Lennon et Yoko Ono dans un style minimal, impressionniste, , inclassable et pourtant 100 % Tarwater. L'apanage des grands groupes qui fait que même un album mineur pour eux devient excellent pour la plupart.