Junto par François Lam

Quinze ans que Basement Jaxx brandit la bonne humeur en étendard, quinze ans que le duo Ratcliffe/Buxton défend une musique dont la complexité ne nuit jamais à son pouvoir ludique. Leur dernier album s’appelle Junto et enfonce de prime abord une porte ouverte : Basement Jaxx, au-delà de son évident dance appeal a toujours été un appel à la communion des masses. Mais Junto, qui bouscule désormais les frontières, musicales et géographiques, voit plus grand.

De chœurs d’enfants en chants de (leur) public, de guitare flamenco en fière trompette funky, de house old-school en hip-hop allumé, le métissage de Junto nourrit un rêve qui va au-delà du plus grand dancefloor du monde. La cohérence et la modernité de leur son, toujours aux avant-postes quand d’autres ténors préfèrent regarder dans le rétroviseur pour se relancer (suivez le regard en direction du pays du camembert), la fraîcheur mélodique et les voix métissées (marque de fabrique de Basement Jaxx s’il en est), parviennent à faire de ce melting pot musical une déclaration d’amour sincère aux différents univers de la danse plutôt qu’un pot pourri indolore façon tous le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

« We Are Not Alone » est sans doute le morceau qui traduit le mieux, en paroles, l’optimisme et l’ouverture d’esprit de Junto. Chez Basement Jaxx, l’extraterrestre n’est pas envisagé comme une source de peur (ce qui est le cas la plupart du temps) mais comme la potentialité d’une rencontre festive. Pas d’alien dans Junto donc, pas d’étrangers ni d’étrangetés, pas d’apocalypse, juste deux citoyens du monde (Ratcliffe/Buxton) qui partagent leur vision de la musique, dansante, du monde. La béatitude n’a rien de ringard quand elle est servie avec autant d’enthousiasme et de spontanéité.