Kimono My House
7.5
Kimono My House

Album de Sparks (1974)

Gigantesques Sparks! Comment seulement deux hommes ont pu autant se réinventer sans pour autant jamais se compromettre ? Un talent fou, et aujourd'hui nous abordons ce qui est considéré comme leur meilleur album. Mais d'abord, ma rencontre avec Sparks...


Petite histoire personnelle, à Noël dernier mon oncle m'offre les deux tomes de la discographie idéale de Philippe Manœuvre (alias le patron). Ce présent élargit grandement mes horizons, et m'ouvre les portes d'Iggy Pop, de Lou Reed, de Pink Floyd, et de bien d'autres... Post lecture, je reviens lui demander des conseils pour aller encore plus loin, et là il me sort Sparks de son grand chapeau, un groupe inconnu sortant de nul part, avec un nom d'album vraiment bizarre (en tout cas à l'époque ;), Kimono My House.


Pour convaincre l'être indécis et doutant que j'étais, il me prête le LP, et pourtant je résiste encore. Il insistera, et finalement vaincra. Je bascule dans Sparks, à tel point qu'ils sont aujourd'hui devenus une de mes formations favorites. Autant vous dire que ce n'était pas gagné d'avance !


Mais, c'est quoi Sparks ? Eh bien, c'est un groupe américain formé en 1968 par deux frères, Ron et Russell Mael. Ron compose et joue des claviers, Russell chante, d'une voix très particulière, dites "de fausset". Sparks s'appelle d'abord Halfnelson dans sa Californie natale. Le groupe enregistre quelques démos qui plairont à Todd Rundgren, producteur et touche-à-tout musical américain, qui fait signer Halfnelson sur Bearsville Records, et produit leur premier album.


Celui-ci n'a pas grand succès, et dans les bureaux de la maison de disque on ricane de ce groupe qui ne fera pas "d'étincelles" ( sparks en anglais). Après un changement de nom et un autre album sans succès (A Woofer in Tweeter's Clothing, 1973), les frères Mael quittent la Californie pour Londres. Ce voyage est d'abord à vocation professionnelle, ayant pour but de promouvoir leur dernier disque, ils effectuent une résidence au mythique club Marquee de la capitale anglaise (leur première partie sera d'ailleurs le groupe Queen, encore débutants à cette époque, Freddie Mercury s'inspirera beaucoup du style de composition des frères Mael).


Séduits par la vague glam anglaise (T-Rex, Bowie, Roxy Music et j'en passe), ils décident de s'établir à Londres, et d'y produire un nouvel album dans cette veine, leur troisième. Ils signent un nouveau contrat chez Island et publient des petites annonces dans le NME pour recruter des musiciens. Les heureux élus sont Martin Gordon (bass guitar), Adrian Fisher (electric guitar) et Norman "Dinky" Diamond (drums). Ils trouvent également un producteur, en la personne de Muff Winwood (oui, le frère de Steve!), et ainsi Kimono My House naît.


Nous parlons ici d'un album de Sparks, sauce glam. Car oui, si on se plonge avec attention dans la discographie du duo, on remarque une signature, une "touche" Mael, qui les distingue des autres groupes & chanteurs de cette époque. Peut-être est-ce la voix délicieuse de Russell, qui monte très haut sans jamais être fausse, ou bien les claviers irréprochables et les textes mordants, ironiques et drôles de son Ron de frère. Ou peut-être est-ce simplement l'ambiance un peu cabaret, ou foire que la musique de Sparks crée. On ne le sait pas, mais il est certain que le groupe laisse des traces, et fait des étincelles (vous y êtes ? :).


Le groupe signe ici un de ses principal succès, la chanson explosive "This Town Ain't Big Enough For The Both Of Us", réel régal glam dont on ne saurait se lasser, mais offre également d'autres éléments très sympathiques comme "Hasta Mañana Monsieur" (mon coup de coeur), "Talent Is An Asset", parlant d'Albert Einstein, ou "Falling In Love With Myself Again". La guitare est mordante, et la section rythmique assure sur tous les titres tandis que les claviers empreints d'imagination de Ron Mael contribuent à créer un monde, une ambiance étrange mais pas désagréable ( bien au contraire!), avec comme paroxysme la voix de Russell.


Comme l'indique mon confrère RolandCaduf (voir sa chronique sur le même), cet album est un des grands oubliés des seventies car, en dehors des initiés, peu de monde connaît réellement Sparks (connaître "When I'm With You" n'est pas connaître Sparks!!!) , et encore une fois c'est vraiment dommage ...


L'album paraît en mai 1974 au Royaume-Uni, et parvient à se hisser jusqu'à la quatrième place des charts anglais, et le 45-tours "This Town [...]" arrivera lui à la seconde place du classement singles. Kimono My House marchera bien également en Europe Continentale, notamment en France. Pas mal pour des inconnus ...


La pochette, iconique et kitsch à souhait, est signée Karl Stoecker et représente deux japonaises, en kimono (naturellement!). C'est une parodie d'une affiche de propagande nippone datant du second conflit mondial. Les deux femmes sont Kuniko Okamura, à gauche, et Michi Irota, à droite. On retrouvera cette dernière six ans plus tard, posant les vocaux japonais sur "It's No Game Pt1" de David Bowie (album Scary Monsters, 1980).


J'adore le style, l'excentricité et la classe des frères Mael. Ce sont des musiciens qui ont su rester en perpétuelle évolution, et ont ainsi permis au public de ne jamais s'ennuyer et d'être toujours surpris. Nous tenons ici leur magnum opus, sans doute leur meilleur album. Mais Kimono My House n'est qu'un étape dans l'histoire de Sparks. Après deux autres albums tendance glam (Propaganda en 1974 et Indiscreet en 1975, produit par le mythique Tony Visconti), ils croiseront à la fin des seventies la route la route de Giorgio Moroder et produiront ensemble le très innovant N.1 in Heaven, virage à 180° pour les frères Mael, mais ça, c'est une autre histoire.


Bref, Kimono My House, injuste oublié de l'histoire du glam.


Liens vers l'album et quelques extraits, pour vous faire une idée...


"This Town Ain't Big Enough For The Both Of Us"


"Hasta Mañana Monsieur"


Kimono My House, the album

lyons_pride_
9
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le 5 déc. 2021

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